L’ART DÉCORATIF tiel de cet établissement est de former des des-sinateurs capables d’apporter sans interruption ni défaillance, aux fabriques de la cité, les res-sources de variété et d’originalité par quoi se soutiennent les réputations ; ce but a été lar-gement dépassé, puisque l’école de Manchester NESSELII:VRE étend son influence sur toute l’industrie des cotonnades imprimées en Angleterre et même au dehors. L’Allemagne aussi possède des fondations analogues, entretenues souvent par des groupes de fabricants, et qui sont certainement pour beaucoup dans la concurrence victorieuse op-posée aux indiennes françaises sur la plupart des marchés d’exportation. La spécialisation de l’enseignement a donc donné, dans ces deux grands pays et depuis longtemps, des résultats que l’on a beaucoup tardé, chez nous, à re-chercher par les mêmes voies. M. Marius Vachon, parcourant la France, il y a quelques années, pour examiner de près la situation de nos industries d’art, fut frappé à plusieurs re-prises de la manière étonnante dont renseigne-ment artistique était presque généralement com-pris et appliqué en province. A Rouen, par exemple, cité où l’éducation artistique semblait devoir se diriger d’elle-même vers un but précis, déterminé par les besoins de l’industrie locale, elle affectait, au contraire, la forme la plus générale. Aucun des industriels de la ville, aucun de leurs dessinateurs ni de leurs tech-niciens ne figurait à titre de professeur ou d’administrateur dans le personnel de l’École régionale des Beaux-Arts. Un grand nombre d’élèves, venus pour se préparer à l’industrie, reculaient bien vite devant la lenteur de l’en-seignement, devant son manque de précision surtout, et désertaient les cours au bout de quatre ou cinq leçons. Résultat les industries locales, se trouvant dans l’impossibilité de re-cruter leur personnel artistique sur place, s’en tenaient généralement aux truquages fournis par les cabinets de dessins, salmigondis sans caractère dont les tissus du commerce nous rappelleront encore longtemps le déplorable souvenir. Quelquefois, des fabricants plus avisés faisaient opérer chez eux ces combinaisons extraordinaires par lesquelles, avec des em-prunts faits à vingt dessins anciens, on en con-stituait un nouveau. Et comme ces errements étaient imités partout ailleurs aussi bien qu’à Rouen, ce qui semble aujourdhui le plus extra-ordinaire, c’est que des branches d’industrie tout entières n’aient pas sombré dans la déca-dence absolue avec de pareilles méthodes. La preuve que nous le pourrions était très nettement établie, à l’Exposition de Rouen, par le nombre et par la qualité des œuvres de nos plus modernes artistes, la plupart, malheureu-sement, à l’état de projets ou de cartons. On a reproduit dans ce numéro quelques-unes de ces oeuvres, et même un certain nombre d’autres plus récentes qui ne figuraient pas dans les galeries de Rouen. Parmi ces dernières, il faut citer d’abord mfl