L’ART DÉCORATIF Danseuse dans un élan harmonieux que suit l’envolement de la jupe, lui renversant la tête en arrière, retournant la main sur la hanche dans un geste de nerveuse souplesse. Il laisse lancée la fine jambe de cette autre qui tient un grand voile flottant dont la courbe fait mieux sentir encore le tournoiement gracieux de la ballerine. Et cela le place ici plus près de l’art remuant de Myrina que de l’art reposé de Tanagra. Mais ailleurs ce sont des femmes assises en attitudes plus calmes; c’est Au spectacle, la jolie mondaine mi-attentive et mi-distraite; c’est la Mélancolie, avec la vérité de la pose de tout le corps, d’un bras abandonne sur les genoux, du visage penché sur l’autre bras reployé et soutenu par le dossier du siège. Car l’expression, Louis Dejean la cherche moins dans ses têtes que dans les lignes de tout le corps. Ce n’est pas seulement la tête qui semble vivre mais tout le personnage ; c’est autant le caractère plastique de son modèle qu’il veut rendre que son caractère intérieur ; malgré le joli de ses visages souriants c’est plus encore LOUIS DEJEAN BUSTE D’ENFANT par le geste et l’attitude qu’il exprime le sen-timent. Ce ne sont donc pas seulement de mi-gnonnes figures de modes qu’il nous montre, mais des êtres réels sous le vêtement contempo. rain dont il cherche le côté esthétique et dont les courbes peuvent avoir, en outre, le mème pouvoir expressif que la draperie antique. Ainsi fait-il pour cette Diseuse au geste charmant de théâtre avec sa main à peine renversée, ou pour cette séduisante Fiancée qui regarde rêveusement sa bague. Souvent même ces corps, Louis Dejean se plaît à les envelopper dans les amples manteaux qui laissent seulement de-viner le mouvement: voici sa parisienne au chapeau à plusses, En promenade et troussant sa robe sous le long col-let qui tombe jusqu’aux genoux ; voici la Sortie de spectacle si harmo-nieuse de lignes où la LOUIS DEJEAN 112