L’ART DECORATIF Un quasi hasard l’amena un jour à sculpter une petite statuette de modèle vêtu, et il se trouva que sans avoir pour ainsi dire voulu faire une oeuvre d’art, il l’avait faite Il s’était mis simplement en face de la vie de tous les jours, s’était laissé émouvoir, et il lui avait suffi de traduire son émotion. Doué d’une sensibilité très fine d’artiste, il eut l’intuition de tout ce qu’on pouvait tirer de tels sujets. Il eut aussi cette rare fortune, après plusieurs années dif-ficiles où il avait travaillé dans l’atelier de Cariés et celui de Rodin, de voir le succés le favoriser et le gâter. En 1899, il exposait trois statuettes au Champ.de-Mars et était nommé associé; en 1901, très jeune encore, il passait sociétaire. Ce qui avait plu surtout, c’était la vie qui animait ce peuple minuscule, c’était la séduction des attitudes et la douceur des coloris. Louis De-jean est un amoureux de la grâce et des nuances. LOUIS 111111155 cela ne peut guère se définir. L’adoucissement de toutes les inflexions, l’adoption de ce qu’on pourrait appeler les demi-teintes dans toutes les formes, faute d’une meilleure expression, y sont sans doute pour beaucoup. O. GEIMF11.. LOUIS DEJ EAN Je ne crois pas qu’il y ait eu dans les temps modernes une époque où le costume féminin fut plus harmonieux de lignes qu’a la nôtre. Ce ne sont plus les vertugales du XVI* siècle, ni les paniers du XVIII’, ni les crinolines inou-bliables; ce ne sont plus les manches bouf-fantes à gigots démesurés, mais, au contraire, des robes charmantes tour à tour moulant le corps ou le dissimulant sous l’ampleur des jupes élargies. C’est cela qui crée autour de la femme une enveloppe mystérieuse et tentante; c’est ce charme que, presque sans y songer, a ressenti et rendu M. Louis Dejean. 110 LOUIS DE JEAN Es P110111,101