L’ART DÉCORATIF qui perpétue la lignée de médailleurs à laquelle appartiennent Eugène Dubois et son fils Alphée, dont nous avons précédemment parlé; L Des-champs, G Dupré, dont le Salut au Soleil est d’un beau sentiment; Rault, Legastellois, Mouchay, Delpech, Cariat, Fourcade et tant d’autres qui ont apporté ou apporteront sûre-ment une note sincère dans un laps de temps plus ou moins long. Par son mariage, Mn. Lancelot-Croce est devenue Italienne- Les succès qu’elle obtient, comme médailleur, dans son pays d’adoption sont mérités. Elle a la science, elle a aussi la grâce et la concision dans l’invention, qui sont deux qualités importantes pour un médailleur. Cette floraison exceptionnelle de la médaille française n’est pas sans nous laisser quelque appréhension pour l’avenir. La nature est avare et ne multiplie pas les tempéraments d’élite. Les écoles d’art les plus célèbres ont eu de’s éclipses. Dans le cas présent, un facteur de décadence important ne saurait être oublié la machine à réduire. Si, en facilitant le travail matériel du médailleur, elle lui a permis une plus grande production, elle lui a fait oublier parfois que l’ceuvre qu’il exécutait était destinée à être perpétuée au moyen du métal et, par suite, il a méconnu les exigences de celui-ci. Jusqu’à présent, le danger était petit tous les maîtres actuels étant d’une époque où l’on savait graver un coin, délimiter dans une masse d’acier une effigie, une scène’ entière. Leurs élèves, pour la plupart, seraient inaptes à de tels labeurs. Il suffit d’examiner les récents travaux des Grands Prix et des Pensionnaires de l’Académie de France à Rome. Dans son célèbre Rapport historique sur l’état et les progrès des Beaux- Arts en France, lu dans la séance du Conseil d’État du 5 mars 18o8, Joachim Lebreton, premier secrétaire de la classe des Beaux-Arts à l’Institut de France, disait ê La mode de ne plus ciseler les armes a « pu nuire à l’art même du graveur en médailles sous le seul rapport de l’habileté à manier le n burin ‘. Nous avons adopté le poli, à l’imitation c des Anglais ; mais peut-être eût-on mieux fait Presque tous les graveurs de médailles et de monnaies de l’ancien régime étaient originaires de Liège ou de Saint-Étienne, les deux villes qui monopolisaient, ou à peu près, l’industrie des armes. de ne pas leur prendre cette mode et de ron-d tinuer à enrichir les objets de nos manufac. n tures par le goût et l’emploi des arts du dessin « que nous entendons mieux qu’eux… a Aujourd’hui, c’est pis, puisque non seu-lement on ne cisèle plus les armes, mais on ne grave plus, à proprement parler, les médailles. Pour remédier à cette crise, que nous espérons facilement conjurable , les moyens, heureu-sement, ne manquent pas. D’abord, pourquoi l’Institut, tout-puissant, n’insisterait-il pas éner-giquement pour forcer les médailleurs, les pen-sionnaires de la villa Médicis à acquérir une habileté nouvelle nécessaire, de l’avis de tous les hommes compétents ? Pour une fois, l’inter-vention de l’Institut serait louée sans re serve et il serait dans son rôle, qui est d’être essen-tiellement conservateur. Ensuite, pour encourager les médailleurs, il y a l’utile Société des Amis de la Médaille, dont la fondation a été provoquée par M. Roger Marx. Jamais peut-être l’actif écrivain, qui a obtenu l’abolition du privilège de la frappe autrefois réservée à la seule Monnaie et le renou-vellement des nouveaux types monétaires, n’a fait oeuvre aussi utile, opportune et prévoyante. Le métier de médailleur est particulièrement pénible. La confection d’un nouveau type de médaille coûte relativement cher et la clientèle est rare. Les commandes officielles vont aux médailleurs célèbres. Beaucoup d’artistes excel-lemment doués étaient obligés d’abandonner cet art ingrat. La Société des Amis de la Mé-daille est destiné à encourager, à aider par des commandes ces débutants, ces inconnus qui seront les maîtres de demain. Les emplois de la médaille sont multiples. Il y a quelques mois, M. Roger-Miles insis-tait sur l’utilité d’un médaillier des écoles des-tiné à fixer dans la mémoire des élèves, au moyen de médailles commémoratives, les grands faits de l’histoire ; un peu avant, nous avions signalé (Journal des Artistes, 19 janvier 1806) l’aspect déplorable du grossier timbre que l’administration de la Bibliothèque nationale applique sans goût sur les volumes précieux, alors qu’il serait si simple de demander à un de nos médailleurs soit un timbre sec, soit un timbre humide dont le dessin délicat ne serait pas une tare pour des volumes qui représentent parfois une fortune. Si, de la destination officielle, nous passons à la destination privée, quel souvenir est aussi 102