L’ART DÉCORATIF briques émaillées mordoré, virant au vert, et dans ce revêtement sont enchâssés des pan-neaux de peinture décorative, oeuvre de M. de Feure. Les crudités auxquelles se comptait M. Mûhring se retrouvent d’ailleurs dans le vert des boiseries et des meubles, et sa prédilection pour les cuivreries tapageuses dans les cintres ajourés des caissons de ventilation, à la voûte. Au milieu de ces violences, les délicatesses de couleur de M. de Feure sont à peu près perdues, et c’est dommage, car ces panneaux sont extraor-dinaires: le mot n’est pas de trop. On ne peut rien imaginer de plus suave, et en même temps de plusneufque ces harmonies où des mauveset des lilas atténués — si ces tons charmants peuvent recevoir un nom — donnent la dominante. On peut penser ce qu’on voudra des conceptions de M. de Feure, de sa mise en scène de la femme; elle est de ces choses dont on raffole ou qu’on exècre, selon son propre tempéra-ment. Mais sur le coloriste, il ne peut y avoir qu’une voix: il est incomparable. Le charme dans la couleur n’a pas été poussé plus loin. J’aurai terminé, quand j’aurai répété ce que je disais en commençant : ceci est mon sentiment, et rien de plus. Je ne pense pas, je ne sens pas comme il faut penser, sentir pour prendre contact avec l’ceuvre de M. Mûhring. Mes instincts de Latin sont fermés à sa concep-tion germanique. Je n’en reconnais pas moins le talent de l’homme, l’importance de l’effort, et leur rends l’hommage qui leur est dn. G. M. JACQUES. LA MÉDAILLE FRANÇAISE CONTEMPORAINE (SUITE) Au début de cette étude, nous avons rap-pelé avec quel intérêt l’un des plus cé-lèbres sculpteurs de ce temps, Chapu, suivait les travaux des médailleurs; M. Roty nous a dit l’utilité de ses conseils, la nouveauté de ses vues. La reproduction de la médaille commé-morative de la pose de la première pierre de l’Église du Sacré-Cœur a prouvé, enfin, que Chapu ne fut pas seulement un théoricien di-sert, mais aussi un exécutant génial. Deux grands sculpteurs du siècle qui vient de finir : Pradier et David d’Angers, avaient témoigné des mêmes dilections. Pradier se plai-6o sait à modeler des médaillons et des modèles de médailles et poussait ses élèves à s’intéresser à cet art. De son atelier sortirent deux grands prix de gravure en médaille Bovy et Merley, qui l’on doit une des monnaies d’or de la Ré-publique de 1848; un second grand prix: Chapu. David d’Angers, lui, doit le meilleur de sa gloire à ses célèbres médaillons. Qui ne connaît les typiques effigies qui réunissent les épaves de la grande Révolution à la glorieuse génération de 1830? Il voulut aussi composer de véritables médailles. Mais s’il eut l’inspiration, il n’arriva jamais à subordonner les plans, à grouper les personnages en vue de cette entente de l’effet qui est une des lois pri-mordiales de la médaille. Cependant, telles quelles, ses compositions ont une éloquence qui manque aux travaux de beaucoup de tech-niciens plus adroits. On ne peut, par exemple, regarder sans émotion la médaille des quatre sergents de La Rochelle, dont les énergiques tètes tranchées, placées deux par deux, en-cadrent le symbolique faisceau de l’implacable loi; au revers, la Liberté en deuil soulève la hache sanglante oubliée sur le billot Com-bien encore est-on remué par un autre essai que David a consacré à la mort du maréchal Ney! Il est seul, acculé au mur au delà du-quel est pour lui le néant. Rien autre sur le champ de la médaille, si ce n’est l’extrémité des douze fusils qui vont accomplir l’oeuvre de mort. Il faut encore citer Barye, qui avait con-couru en 1819 pour le prix de gravure en mé-daille. Le sujet Milon de Crotone attaque » par no lion, était fait pour lui Cependant, il n’obtint qu’une mention : le prix fut donné à Vatinelle, aujourd’hui bien oublié. Bon nombre de sculpteurs parmi les meil-leurs se sont donc intéressés à la médaille. Ils ont été séduits par la grâce et l’intellectualité extrême de cet art et ont tenu à s’y essayer. Mais, en général, ils n’ont guère été encou-ragés par les professionnels, qui craignent que ces essais, en faisant dévier leur art de sa véri-table voie, n’amènent une confusion regret. table entre le haut-relief de sculpteur, où le mor-ceau continue à dominer, et le véritable bas-relief, où tout doit ètre dit au moyen d’une série de plans dont l’établissement est une science. Ici pourraient peut.être se placer des consi-dérations esthétiques intéressantes sur le bas-relief, base de la statuaire ornementale, et la ronde-bosse, si dangereuse pour les sculpteurs ` »°