L’ART DÉCORATIF heureux est proscrite. Et je ne sais quel ma-laise nait devant l’orgueil de pauvres petites inventions placées plus haut que le suprême plaisir des sourires de la nature ! De l’antichambre on passe dans la grande salle, dont les boiseries et les meubles sont en frêne teinté rouge foncé, les sièges en velours lilas violacé, la frise en stuc d’un gris verdâtre clair rehaussé d’or, de même que les lignes en creux prises dans le bois des lambris. Le cuivre flamboie en lames porte-ampoules, sillonnant les impostes des fenêtres et le haut de la glace, en appliques d’éclairage saillant des murs, en mille accessoires çà et là. Soit intention, soit hasard, cet assemblage de couleurs irritantes garde un calme relatif sous la vaste calotte blanche d’une voûte ingénieuse, où les nervures aux profils fuyants s’accusent par une teinte plus neigeuse que le fond. Un grand médaillon, peint par le peintre berlinois M. Maennchen, forme le centre de ce plafond. Dans le salon contigu, rien au contraire n’atténue la violence des couleurs. Les pan-neaux de velours bleu, d’un bleu mauvais, sinistre, sont encadrés par le lambrissage en érable gris sous un plafond dont le blanc dispa-raît presque entièrement sous une morne déco-ration aux masses rectilignes d’un vert triste. Les cuivres, jaune poli dans les plaques de ven-tilation du plafond, dorés dans les lauriers mon-tant aux quatre angles de la salle et cachant sous leur feuillage des ampoules électriques, les pendeloques de verre suspendues aux impostes des baies, alternées de même d’ampoules lu-mineuses, les grands cabochons au-dessus, rien de ces accessoires ne parvient à pallier l’effet meurtrier du bleu, du terrible bleu, en dépit d’une sorte de grandeur barbare. Une grande cheminée, qui serait ailleurs d’un bel effet avec son devant en marbre onyx encadré dans le gris de l’érable poli et son rideau de cuivre rouge lar-gement repoussé, se perd dans l’hallucination de Li uus I I i,c11. 58 Iibs r.11,1 NT KoNSS(SALON LILAS FIND ART DOC