L’ART DÉCORATIF • I LE Té SISES( d’oublier dans l’étreinte toutes les angoisses terrestres. Blotti sur les genoux de sa compagne, l’homme cache la tète dans sa poitrine tiède, berceuse, endormeuse de bonne amante. Les larmes les purifient comme une rosée vivace. « Amour consolé s, voila deux jeunes corps aussi, dressés l’un contre l’autre et balbutiant les divines paroles de « l’Éros funèbre ». Nous tremblons enivrés du vin de notre fièvre, Et nous nous demandons, tout bas et lèvre à lèvre, Quels matins purs, quels soirs lumineux et bénis Couvent nos doigts tressés connue les brins dos nids. Et ni la terre en joie et ni le ciel en flammes, Rien ne détourne plus du réve nos deux âmes Qui, parmi la conteur grandissante du jour, Pleurent dans le silence infini de l’amour! On me pardonnera de citer ainsi des poètes. Mais eux seuls peuvent exprimer la grâce subtile de ces oeuvres et rivaliser par le rythme avec leur troublante eurythmie. Après Charles Guérin et Bataille, il faudrait évoquer les chantres du 5o mystère et du crépuscule, Maeterlinck, Samain, Rodenbach, ces précieux alchimistes de la dou-leur. M. Vallgren leur ressemble. Il a leur acuité d’impression, leur passion muette et fré-missante, leur don de distiller les larmes. Avec Rodenbach il partage le goût des fleurs mortes. Il les montre pendant sur leurs tiges, flétries, brûlées des suprémes soleils, flagellées par les vents d’automne. Il sculpte des pavots défeuillés ;lux bras d’un gnôme barbu, pittoresque et transi. Ces pavots dont la corolle sensitive, prompte a se friper, exprime si bien la lassitude et la peine, il les chérit entre toutes les fleurs. J’en ai vu chez lui, dans un vase d’Émile Gallé, qui s’affaissaient, se décoloraient peu â peu, livraient a l’artiste attentif le mystère de leur LES AIMES .IEIS I I t