• L’ART DÉCORATIF serait demandée au gouvernement pour cette organisation. Le gouvernement s’opposa à la pro-position et la fit ajourner. En 1883, le Ministère des Beaux-Arts me chargeait d’une mission pour aller étudier à l’étranger l’organisation des princi-paux Musées d’art industriel, en vue de la prépara-tion d’un projet de création d’un Musée national pour nos industries d’art. La mission a été faite; mon rapport a été publié, mais aucun projet n’a été soumis au Parlement.L’Union centrale des arts décoratifs, — qui venait de lancer sa fameuse loterie des 14 millions, — fit obstruction à la réali-sation d’une idée entraînant pour elle une con-currence désastreuse. comment se que, chez. nous, cette orga-nisme d’Enseignement et de propagande pour les Industries d’art soit restée ainsi à la période em-bryonnaire d’institution passive, alors que dans tous les autres pays d’Europe, même les plus petits les moins riches, depuis longtemps, il fonc-tionne avec, activité ? « Pendant mon enquéte dans les départements, j’ai trouve, sur tous les points du pays, des trésors d’art, des merveilles de goût, d’élégance et d’ori-nalité, des œuvres infiniment précieuses comme types d’art, des, merveilles d’art et de technologie magnifiques témoignages du génie artistique de nos dieux. Tout cela est entassé dans des armoires freinées a triple verrou, comme des choses mortes, comme des débris du passé. On remarquera en outre qu’on trouve ces trésors dans des pays et dans des villes oit n’existe plus aucune d, indus-tries d’art qui les ont créés, e Entre tous ces Musées, nationaux, départemen-taux et municipaux, — dont les uns souffrent d’une pléthore d’objets inutilisés, inconnus, alors que d’autres dépérissent d’une misère navrante, — il n’y a pas la moindre relation de mutualité qui per-mettrait de les faire vivre d’une vie très active et féconde, de leur faire rendre les plus grands ser-vices au pays par la diffusion d’oeuvres d’art de nature à former le goût public et à offrir des élé-ments d’études aux artistes, aux industriels et aux ouvDriers. • ans l’organisation des Musées provinciaux,dans le recrutement de lettre collections, il semble qu’on ne soit pas sorti de la période primaire, alors qu’ils servaient simplement de dépôts pour les œuvres d’art laissées à l’abandon, après la destruction ou l’évacuation des édifices religieux, des couvents ou ou des châteaux ; pour les objets recueillis dans les fouilles archéologiques et dans les travaux d’édi-lité. Aucun autre but que celui de conserver n’ap-parait dans la façon dont tout ce qui les compose est classé étiqueté et exposé ; aucun souffle de vie n’anime de nouveau ce passé définitivement immo-bilisé dans la mort des choses. Or, ce qui est mort empoisonne les vivants. e, On ne s’est pas fait encore non plus à cette conception, qu’un musée, dans l’organisme social et administratif de la cité, doit être un service public, comme les services des eaux, du gaz, et de la voirie, et qu’en conséquence, il doit étre doté de ce qui lui est nécessaire pour fonctionner : direc-tion, personnel, outillage et budget. On tient le Musée, comme l’Ecole d’art, pour une création de pur luxe, qui, dans les cadres de l’administration, est à peu près au méme plan que les sociétés musicales, mais au-dessous de l’Opéra et de la Comédie. e Aussi, il faut les avoir vus et entendus, pour se douter de ce que sont professionnellement la plu-part des fonctionnaires que les administrations diverses ont mis, pour les conserver, à la téte de ces tnusre embryonnaires d’industries d’art. Ils ne savent rien de l’histoire de ces industries, ni du mouvement industriel moderne, ni même de ce qui constitue les premiers éléments de leur métier la conservation et la restauration des œuvres, l’hy-giène des bâtiments, etc. Comment sauraient-ils cela ? e Et, où auraient-ils pu l’apprendre? Cet ensei-gnement professionnel n’existe pas dans notre pays. On a pu croire et espérer un instant que l’Ecole du Louvre,fondée il y a quelques années,serait uneécole professionnelle de directeurs et conservateurs des Musées de province; — en Allemagne et en Angle-terre elle fonctionne depuis lengtemps — cette école des érudits, des archéologues et des profes-seurs. A La seule institution répondant a un but défini, actuel, le Musée des Arts décoratifs, est devenu, comme les autres, un tombeau dans les mains de l’Union Centrée des Arts décoratifs, depuis que celle-ci, fondée par des industriels pour vivifier l’industrie, s’est transformée en tin cénacle de col-lectionneurs. Voila où nous en sotmues. Celà, c’est la première partie du livre de M. Marius Vachon. La seconde nous sociétés l’organisation des écoles,des musées, des ociétés d’art industriel en Allemagne et en Angleterre. Quel contraste, hélas ! J’y reviendrai. Mais les extraits qui précédent — d’où j’ai dû élaguer l’abondante documentation recueillie par un homme qui a passé dix ans s’informer de ces choses, montre suffisamment que l’ouvrage de M. Vachon est autre chose qu’un livre d’amateur, et qu’il doit entrer dans les mains de tous ceux qui touchent, à un titre quelconque, à nos industries d’art. Nous avouer enfin virilement l’infériorité dans laquelle nous sommes tombés, dans ces industries qui sont la sève mémo de la France, regarder les causes en face, c’est une question de vie ou de mort. J. La MAISON MODERNE. — L’ouverture des salons de la Maison Moderne 182, rue des Petits-Champs, prés la rue de la Paix) a dit être retardée de quelques jours, par suite de travaux d’aménagement que les entrepreneurs n’avaient pas prévus. A l’heure où nous mettons sous presse ces dernières lignes, les tapissiers achèvent l’installation des vitrines et des cadres oit seront exposées, entre autres oeuvres originales, les vingt estampes qui composent l’album Germinal dont la souscription ne tardera pas à Ore close. Vous avons dit que tous nos abonnés de Paris seraient invités à ce petit vernissage. Ceux que nous aurions oubliés par mégarde sont priés de nous excuser et de nous réclamer leurs cartes. Nous inviterons très volontiers ceux de nos lecteurs de province qui en manifestent le désir. Rappelons à ce sujet que si notre bureau d’admi-nistration a été transféré dans une annexe de la Maison Moderne, la rédaction de l’Art décoratif reste toujours 3;, rue Pergolèse. Aie prochain finîméro, rArt Décoratif reprendra la rubrique rie rExposition de icoo qui a du être ajournée tette jais. 96 FIND ART DOC