L’ART DÉCORATIF’ tetnents réunies, il n’y a pas 30o jeunes gens qui étudient, dans des cours d’enseignement pratique, l’application de l’art aux industries! A Limoges, où les peintres sur porcelaine sont au nombre de .500, 05 éléves, c’est-à-dire 5 olo de la population scolaire de l’Ecole nationale des arts décoratifs, fréquentent les cours de peinture sur céramique; et c’est ainsi partout. Comment en pourrait-il être autrement dans des institutions dont les directeurs et administrateurs, étrangers a l’industrie, à ses besoins, à ses trans-formations, aux luttes qu’elle doit soutenir sont pour la plupart, quel que soit le titre officiel dont ils sont décorés, de simples commis chargés de 1;1 paperasse-rie, du contrôle de sentrées et des sorties des écoliers et des professeurs, de la police des cours et des classes . e Ils n’on& ni l’autorité qui, suivant la véritable étymologie du mot, augmente et fait progresser, ni la responsabilité qui provoque à l’action, donne l’esprit d’initiative, l’énergie et la décision. Sans relations avec les chefs d’ateliers, ils ignorent tout des industries, leurs évolutions, leurs progrès, leur situation. Ilsn’en éprouvent d’ailleurs ni le désir ni le besoin. Duel est lette intérêt personnel ? Vivre le plus modestement possible, se terrer dans la solitude et l’inaction, ne ‘ rien innover, ne rien entreprendre, et trouver tou-jours que tout est pour le mieux dans la meilleure des administrations possibles, dont la consigne générale est qu’on ne loi « fasse pas d’affaires a. D’ailleurs leur fonction est facile à remplir, tant elle est réglée avec précision. Elle consiste dans la minutieuse application des règlements et des pro-grammes de l’Enseignement imposé pur rEtat, qui presOrivent,jour par jour, heure par heure, l’emploi du temps, la nature et le caractère des travaux, la formule des idées, et la portée dès conseils. Périos. diquetnent, des inspecteurs officielsviendront contrôler cette application, et en signaler à l’admi-nistration les progrès ou les défaillances. Que ‘ l’Ecole fournisse ou non aux institutions locales les artistes ou les ouvriers d’art dont elles ont besoin ; que les industries en progressent ou en déclinent ; que les élèves gagnent Ictus ou moins leur vie dans les ateliers t ce n’est point le souci de l’administration.. Le désastre de l’absence d’éducation chez les ouvriers de nos industries d’art, conséquence de la main-mise de l’État sur l’école, est complété par ‘absence d’éducation artistique des patrons, autre’ conséquence de l’enseignement officiel, mais du haut enseignement, celle-ci. Dans les programmes des institutions d’enseignement supérieur, la place de l’éducation artistique est nulle. Il n’y en a pas trace a l’Ecole polytechnique, à l’Ecole centrale, dans les Prolos d’arts et métiers, les Ecoles de. commerce, etc. De là, incapacité générale du patronat en matière d’art. Cette incapacité amené dans les industries artistiques une trans-formation d’habitudes qui n’est pas une des. moindres causes de leur situation critique. Autre-fois, dans tous les grands centres de production, ai Paris, à Lyon, à Saint-Ftienne, à Roubaix, à Rouen, etc., les fabricants avaient des dessinateurs attachés à leurs manufactures, et même souvent titre d’associés. Il en résultait que chaque maison possédait un genre personnel, qui lui attirait une clientéle particuliére, et qui la lui conservait. Les rares fabricants ayant continué ces traditions sont cent; qui luttent le mieux contre la concurrence intérieure et extérieure, et qui. maintiennent le renotn de nos industries d’art. Aujourd’hui, presque tout le monde s’adresse à des usines parisiennes de dessins, qui fournissent, sur commande ou de confection, tout ce dont on peut avoir besoin, dans tous les styles, dans tous les goûts, et dans tous les prix. Le président de la Chambre de Lyon, président en même temps du Conseil d’admi-nistration de l’Ecole nationale des Beaux-Arts, faisait, en 1891, cette hue;» ; » Nos fabricants copient fort habilement et servilement d’anciens « modèles, ou bien s’adressent aux cabinets de « dessins de Paris pour les articles dits de haute e. nouveauté. On invoque à cet égard les caprices « et le despotisme du marché parisien ; mais «_ l’industrie lyonnaise n’est-elle pas de force à dominer l’un et l’autre ; et n’est il pas anormal, « inquiétant, qu’une grande industrie d’art n’ait « pas ses moyens artistiques chez elle et sous sa « main, qu’elle sacrifie sa liberté d’inventions et de « recherches v On estime qu’à Lyon il n’y a pas plus de trois fabricants des oieries qui se soient rendus indépendants des cabinets de dessins de Paris. Les chefs de maisons font aux dessinateurs lyonnais le procès de n’étre pas aussi habiles que leurs ainés, d’avoir une imagination moins vive, une instruction artistiquesérieuse, de négliger la mise en comte, dansmoins laquelle Lyon avait conquis une supériorité universelle. Les dessina-teurs répliquent en démontrant la responsabilité des fabricants dans cet état de choses, pur les nouvelles mœurs patronales, quine leur font plus dans l’organisme industriel la situation d’autrefois, intime, honorable et lucrative, qui ont amené entre les membres de la corporation une concurrence terrible par l’abaissement incessant des prix. a Et ainsi à Saint-Etienne, à Roubaix, partout. On ne peut guère citer d’exception que Nancy, où des industriels-artistes ont fait de leur ville natale un centre d’art qui ne vient pas chercher ses idées à Paris ; aussi, l’industrie nancéenne est-elle rune desrares qui soutiennent sans désavantage la lutte contre la concurrence étrangère. – Si, du l’école, nous passons avec M. Vachon à l’autre organisme de l’éducation des ouvriers des l’industries d’art, aux. musées, le spectacle est encore plus lamentable s’il se peut. « La première idée du Musée,— institution d’en-seignement et de propagande pour les industries d’art, — est née en France, comme d’ailleurs toutes les idées d’où est sorti l’organisme superbe de développement, de défense, et de propagande de ces industries, que nous en sommes à envier à rEtranger. Ce fut une association d’artistes et d’industriels qui la proclama pour la première fois, en 1848, pendant In crise qui frappait les usines et les ateliers. Mais cette association, au lieu de réaliser elle-même l’idée, s’adressa au gouverne-ment, et réclama son intervention. Le gouverne-ment, — comme toujours, — se montra tout feu tout flamme, fit prononcer un beau discours par un ministre éloquent. Et ce fut tout. L’on n’entendit plus parler de rien. En 1865, une autre association déclarait, énergiquement, danscongrès, Bruxelles, qu’il fallait, créer dansun les villages, comme dans les villes de France, des Musées d’instruction artistique ; le houvernement impérial feignit d’ignorer ce congrès. En 1876, on présenta à la Chambre des députés une proposition de loi sur l’organisation de Musées spéciaux pour les industries d’ut, une commission conclut a son adoption, et décida qu’une somme de 45o.000 francs FIND ART DOC,