NOVEMBRE 1899 R. RIEMERSCHMID, PIANO A QUEUE (ATELIERS RELINIS A MUNICH( seuls la transformation du goût anglais, comme on a l’habitude de le faire, on méconnaît in-justement l’importance de la part des architectes à cette œuvre. En s’appliquant, beaucoup plus que les nôtres, à l’étude de l’intérieur, les archi-tectes anglais ont donné à leurs compatriotes les moyens de faire le juste et raisonnable emploi des matériaux artistiques créés par les artisans que Morris a fait surgir. D’autre part, l’importance que les Anglais accordent — avec raison — à ce qu’ils ont nommé la «sanitation., la science sanitaire, agit dans le même sens que leur sobriété de goûts pour réduire au minimum les inutilités déco-ratives dans leurs maisons, et les porter à rechercher en tout, dans celles-ci, le solide, le durable, le propre, le réellement confortable au clinquant. Il y a donc toutes sortes de raisons de trouver que le goût des Anglais pour la simplicité a d’heureux résultats. Cela convenu, je pense tout le premier que nous faisons bien de ne pas vouloir les copier. Nous avons notre tem-55 pérament, d’autres goûts, et ce sont ceux-ci que nous devons consulter. Mais nous pour-rions du moins canaliser notre penchant à tout enjoliver, le diriger avec plus de discernement que nous ne faisons, mieux choisir les occa-sions de l’exercer. Il n’est pas indispensable au bonheur que tous les objets autour de nous, chaque décimètre des surfaces sur lesquelles nos yeux tombent soient «artistiques» c’est-à-dire, dans l’acception vulgaire, ornés d’images bonnes ou mauvaises de fleurs, de fruits, de femmes ou de tire-bouchons. La vie est possible, elle peut même être belle sans celà. Chaque chose à sa place, une place pour chaque chose, et surtout, modus in redus! Aimons les belles choses, mais fuyons le fatras artistique, de même que nous fuyons le fatras scientifique, le fatras philosophique. C’est aussi dans notre caractère, cela. En France, la transformation du goût com-mence à peine, et n’a pas l’air de vouloir marcher vite. C’est peut-être autant un bien qu’un mal. Notre routine, qui nous laisse souvent en arrière –