L’ART DÉCORATIF Ne faut-il pas conclure de là que la beauté dépend non-seulement de causes qualitatives —si j’ose employer ce galimatias pédantesque —mais de rapports quantitatifs, encore mal définis, entre le principal et le subordonné, la substance de l’objet et cc qu’on y ajoute? Je crois fermement, pour ma part, que tout effort artistique est condamné d’avance b la stérilité, s’il ne prend cette observation pour l’un de ses points d’appui ; et les exemples ne man-queraient pas pour défendre cette idée, si je pouvais m’y arrêter. Pour revenir aux Anglais, il se trouve que dans leur goût inné pour le simple et le naturel, ils ont satisfait à cette loi, consciemment ou inconsciemment. Tout leur enthousiasme pour les belles oeuvres de l’art domestique, répandues à flots par les artisans surgis, comme par en-chantement, des prédications de Morris, ne leur a pas fait oublier que le décor n’est en définitive, que l’accessoire. Quelle que soit l’importance du rôle des éléments décoratifs dans leurs demeures, il est toujours subordonné, bien plus, il s’efface presque devant la supré-matie de l’élément architectonique. Considérez, dans un intérieur anglais, le hall avec son escalier, la salle à manger, le drawing-room : l’impression nais avant tout du plan, de la construction, des dispositions architecturales. Chaque unité du plan, les ouvertures, la cheminée, un enfoncement, est un centre d’intérêt par lui-même, uniquement par le caractère archi-tectural de son ordonnancement (j’entends, pour qu’il n’y aie pas de méprise sur ce terme, par les relations métriques des éléments qui le constituent) et sans la moindre intervention d’éléments détoratifs, c’est à dire factices. C’est de la construction pure et simple, niais par quels excellents géomètres! Portes, fenêtres, cheminée, lambris se tiennent en un seul en-semble, coordonnés dans des rapports harmonieux ; les surfaces sont distribuées attentivement, leurs grandeurs réglées en vue des fonctions et des effets demandés à chacune. L’architecte tire un parti si intelligent, si complet des moyens simples à sa disposition dans les limites de sa tâche de constructeur, que, celle-ci terminée, il ne reste pour la décoration, réduite à la portion congrue, que juste les points qu’il faut pour ‘que le décor vienne animer cet en-semble, comme une fleur posée dans un beau vase. Lorsqu’on attribue à Morris et à ses amis MISS I I N DESSINS DE BOUCLES DE CEINTURES MEDAILLES A LA NATIONAL ART COMPETITION DE I» 54