L’ART DÉCORATIF 1.e bras droit est abaissé aussi et la main fait un geste de douceur et d’apaisement. Le visage, tourné vers la Ville, est plein de noblesse. Cette figure, par l’harmonie et la simplicité des lignes, par le calme de l’attitude, respire la confiance et la séré-nité dans le triomphe ; c’est une sorte de Pallas moderne. Sur un lion est assis le Génie de la Liberté qui le guide. Celui-la a lutté. Sa pose est plus tournicotée. D’une main, il tient des chaises brisées. De l’autre, il élève un flambeau. Il tourne la tête vers là Répu-blique avec un regard non exempt d’inquiétude pour ce qu’il aime, car il prévoit de nouveaux heurts et sait ce que coûtent les batailles. La Justice et le Travail poussent les roues du char. A gauche, une femme, très moderne de type, de vêtement, de coiffure, s’avance au milieu des plis d’une robe ondoyante et portant une main de justice dans ses bras près d’elle, un bel enfant tient des balances. Le Travail est de l’autre côté. C’est un ouvrier, au tablier de cuir, qui marche le marteau sur l’épaule. Son visage, très ferme, est d’une male énergie comme celui du Génie de la Liberté, mais plus rude. Ses bras sont vigoureux ; ses muscles sont développés et saillants. C’est le robuste forgeron, le terrible batteur de fer, comme l’aime Dalou et connue il an a placé un déjà au monument de Boussingault, dans la cour du Con-servatoire des arts et métiers. Prés du Travail, un enfant avance n portant un gros livre. Enfin, derrièree le char, marche l’Abondance, car la prospérité doit accompagner la République. L’Abondance est une femme nue, aux formes opu-lentes, qui passe, insouciante et semant des fleurs derrière elle; trois enfants renversent àses pieds une corne d’on s’échappent des fruits plantureux. Les circonstances qui accompagnèrent la com-mande à Dalou sont assez curieuses pour être rappelées ici. A la chute de Mac-Mahon, la Ville de Paris, secouée par un frisson de renouveau, mit au con-cours un monument destiné â célébrer le Triomphe de République. Dalou résolut d’y prendre part et, dans son atelier d’exil, à Londres, fit une maquette qui fut apportée avec mille précautions l’expo-sition des projets, a l’Ecole des Beaux-Arts. Ce fut une révélation. Tout le monde cria au chef-d’œuvre et le lendemain Dalou était célébre. L’oeuvre fut tellement admirée qu’elle déconcerta le jury et qu’elle n’eut pas de pris. Trois artistes titrent désiènés pour le concours au deuxième degré: Marier la statue figure au centre de la place de la République), Gautljerin et Soitous. Dalou était éliminé. Après le vote, la commission, prise de reords sans cloute, formula le vœu que la Ville cotninamndat à Dalou l’exécution du groupe universellement loué. La proposition était faite par Hérold, préfet de la Seine, et Jobbé-Duval, conseiller municipal. Voilà comment nous aVOI1S aujourd’hui une e République » sur l’ancienne place du Château-d’Eau et tut e Triomphe de la République» sur la place de la Nation. G. B. LES MUSÉES Voici bientôt deux ans que Gustave Moreau a laissé en mourant à laVille de Paris son hôtel de la rue de la Rochefoucauld qui contient un très grand nombre de tableaux, d’aquarelles et d’esquisses du maitre de Salomé. Toutes ces toiles ont été depuis 50 longtemps déjà admirablement mises en ordre par M Rapp—l’exécuteur testamentaire et l’ami le plus intime de Gustave Moreau qui a apporté à cet arrangement la sûreté de son goût et toute sa piété pour l’oeuere du grand peintre. Mais par suite de quelles lenteurs administratives et de quelles chinoiseries de bureaux, ce magnifique ensemble d’ceuvres de Moreau reste-t-il fermé au grand public? Qu’attent-on pour laisser profiter la foule de ce sublime et réconfortant spectacle d’art ? Nous nous le demandons avec une stupéfaction chaque jour croissante, et nous signalons le fait a M. Leygues, avecEespoir que nous serons entendus. La princesse Mathilde a fait don, au Musée de Versailles, du portrait de sa tnère, la reine de Westphalie, peint par Gros. Là ne s’arrêteront pas les libéralités de la princesse. De sa collection d’oeuvres d’art — collection col les chefs-d’œuvre abondent — elle fera deux parts. Tout ce qui a trait à l’Empire ira à ses neveux, le prince Victor et le prince Louis. Tout ce qui intéresse l’art national ira aux musées. Un portrait de 11?° Marguerite Moreno dû au pinceau de M. J. Granié vient d’être acquis par M. Leygues, tninistre des Beaux-Arts, pour le Musée du Luxembourg. Il y sera installé dans le courant d’octobre. C’est également au Luxembourg qu’aura lieu à la fin de cette année une magnifique exposition d’ceuvres de Puvis de Chavannes. Le Pavillon de Marsan a été officiellement attribué a l’Union des Arts Décoratifs. On peut se demander avec quelque inquiétude, si les collec-tions ne perdront pas à être transportées dans ce petit espace, œt il sera plus que jamais difficile de voir et d’étudier les objets exposés. M. Humbert a achevé au Panthéon ses huit pan-neaux décoratifs. Plus que jamais on pourra s’étonner de cc chois bizarre qui a voulu faire d’un peintre certainement habile — niais qui est avant tout un portraitiste et on peintre de tableaux dé chevalet —un créateur de grands eembles. Quoique nous n’ayons pas vu ces œuvres,ns il suffit de nous souvenir du triptyque exposé par M. Hum-bert au Salon de r899, pour craindre que les huit panneaux du Panthéon n’ajoutent pas grand chose à sa gloire. EXPOSITIONS A tout seigneur, tout honneur. Une exposition d’œuvres de Rodin va avoir lieu à Lu Haye, an Cercle de la Ville. Une exposition des travaux des eléves de l’Ecolei Boulle (école du meuble) est ouverte, 57, rue de Reuilly, et se cloturera le ref novembre. L’Exposition des Artistes indépendants ouvrira le zo octobre â l’Hôtel de Poilffi, 5, rue du Colisée, Paris. S’adresser au trésorier, M. Lescaffette, raià-rue d’Alésia. Une exposition de Beaux-Arts aura lieu à Angers du a,decembre à fin février. Les artistes de Paris doivent s’adresser chez MM. Denis et Robinot, ré rue Notre-Dame de Lorette. Les artistes de pro-FIND ART DOC