SEPTEMBRE 1899 revêtement des lambris ou des murs, il affectera aussitôt des aspects de cuirs cordouans, re-poussés ou gaufrés. aCes exemples, que l’on pourrait continuer à l’infini, tendraient en quelque sorte à prouver que le mensonge, la fraude, l’hypocrisie sont innés chez l’homme, inséparables de ses créations et la seule fin de son ingéniosité. «A ce point qu’il ne m’étonnerait pas que la, découverte d’une matière nouvelle, unique et fabuleusement belle ne suscitât dans le monde des industriels cette pensée unanime: «Que pourrions-nous bien imiter avec cela J’ai fait à dessein cette longue citation, parce qu’elle montre le tour d’esprit de M. Lemmen : net, précis, plutôt méthodique que fleuri. Le caractère de ses compositions reflète ce tour d’esprit; on sent que la réflexion joue dans leur enfantement un rôle non moins grand que l’imagination. Ce n’est pas un art d’impulsif; il a rarement la séduction facile des oeuvres cou-lant d’abondance; en revanche, il ne lasse pas aussitôt le premier moment passé, comme celles-ci. Un des côtés remarquables de M. Lemmen est la variété des dessins. L’oeuvre des artistes qui se confinent dans l’ornement linéaire —ainsi que celui-ci le fait ordinairement — laisse en général une impression d’uniformité d’autant plus grande que la personnalité de l’auteur est plus marquée. Quelle qu’ingéniosité que ces artistes apportent à ne pas se répéter, et malgré qu’une étude attentive montre que les mieux doués d’entre eux savent transformer réellement leurs combinaisons à l’infini, l’allure des lignes et certaines de leurs particularités, précisément les plus caractéristiques, se retrouvent dans l’oeuvre entière; et comme ce sont justement cette allure et ces particularités qui frappent en premier lieu et produisent l’effet décisif, il semble que l’ornement soit toujours à peu prés le même. Cette observation ne peut être faite au sujet des dessins de M. Lemmen. Bien que sa personnalité s’y établisse parfaitement, et qu’après en avoir vu un certain nombre, un oeil même médiocrement exercé n’hésite pas à reconnaître sa main dans ceux qu’on lui présentera dans la suite, chaque dessin a son caractère et son allure propres; il est tout -à-fait indépendant des autres. Il est vrai que M. Lemmen ne s’enferme pas dans un système de lignes immuable; beau-coup de ses motifs sont tirés de formes naturelles encore reconnaissables malgré leur réduction à des formes quasi-géométriques. De là probable-ment l’impression de variété que laisse l’ensemble de ses dessins de tissus, de papier peints et de papier de garde. Les ornements typographiques et la lettre de M. Lemmen me paraissent plus sujets à critique que les dessins de tissus. Je crois que leur massivité voulue, résultat de l’épaisseur excessive du trait, ne s’accorde pas avec le caractère de la lettre romaine, non plus que l’excès des contournements. M. Lemmen tombe ici, selon moi, dans une confusion, commune d’ailleurs à presque tous les artistes étrangers à la France. La lettre romaine est svelte; c’est ainsi qu’elle a été conçue par ses inventeurs et que le veulent les combinaisons de lignes, la plupart droites, sur lesquelles elle repose. L’ornement typographique accompagnant la lettre romaine doit donc être lui-même plutôt svelte; d’autre part, en transformant la lettre romaine en lettre de fantaisie, il faut éviter de trop mul-tiplier les contournements. Il est du reste à présumer que cette opinion est aussi celle de M. Lemmen lui-même ; car dans les belles initiales ornées composées par lui pour commencer les articles de ce numéro, l’artiste apparaît pénétré des convenances du caractère romain; d’autre part, une imprimerie de luxe des plus importantes s’est adressée à lui pour composer un alphabet romain du style le plus sévère. Admettons donc, pour réduire à de justes termes la critique qui précède, que l’ornement d’imprimé familier à M. Lemmen est conçu pour des caractères de fantaisie (dont on voit des exemples dans nos pages de re-productions) tendant plus ou moins au caractère gothique, et pour lequel prédilection ou tiédeur est affaire de goût et de race. Il est extrêmement regrettable que des circon-stances malencontreuses nous aient empêché de faire entrer quelques tapis de M. Lemmen dans la collection de specimens des dessins de l’artiste reproduits dans ce numéro, car c’est peut-être dans le tapis que l’ornement propre à M. Lemmen se montre le mieux à son avantage. Pour réparer (trop imparfaitement !) cette lacune, indiquons le N° 3 du volume du «Deko-rative Kunst», dans lequel plusieurs ont été reproduits. o. GERMER. A. W. FINCH PEINTRE, GRAVEUR, CÉRAMISTE len avant que l’on songeât en Belgique à une rénovation des arts industriels, A. Willy Finch était connu déjà comme l’un des plus intransigeants parmi les audacieux peintres qui, vers 1880, effarèrent si violemment par l’affir-mation d’une vision personnelle et le dédain 231 29.