L’ART DÉCORATIF vues d’intérêt, les autres d’un goût plus que douteux dans le détail décoratif. Il semble, en résumé, que la notion de la chose intéressante dans la simplicité échappe à la plupart des con-currents. Le premier prix a été attribué à M. F. Garez, architecte à Amiens, dont l’envoi consiste en sept bonnes photographies de maisons de cam-pagne ou de plage dans l’architecture desquelles l’auteur a très intelligemment approprié au goût français le cottage américain, type le plus parfait de la maison de campagne moderne. La plupart de ces maisons sont des plus intéressantes ; il ne fau-drait à l’auteur que peu de modifications à ses habitudes de dessin pour produire des travaux remarquables dans leur genre. Le niveau de l’intérêt descend immédiatement beaucoup plus bas avec l’envoi de M. P. Richier, dessinateur Argenteuil, second prix, dont l’envoi montre une manière de chalet suisse flanqué de deux terrasses vaguement classiques. Mais il y a la barrière de clôture, faite de simples chevrons droits et obliques, et qui est, à elle seule, un chef-d’œuvre d’ingéniosité dans le simple et le naturel. Dans la photographie récompensée du troisième prix, M. IL Bonheur, à Bruxelles, a reproduit une petite maison sans la moindre prétention, mais d’un calme souriant, et qui, dans la réalité, acquiert peut-être du caractère par la couleur des Matériaux. Enfin, le quatrième prix est attribué à Mlle E. Dussaut, institutrice à Crogis-Essômes (Aisne) dont les deux photographies d’une villa sont excellentes. On n’en peut dire autant de la villa, dont les lignes d’ensemble, assez harmonieuses, quoiques banales, sont gâtées par une décoration lamentable en briques polychromes et faïences. R. e** Un grand nombre d’envois aux concours précé-dents de l’Art Décoratif n’ont pas encore été retirés par leurs auteurs. Nous prions instamment ceux-ci de les faire retirer dans le plus bref délai, Les demandes de renvoi par la poste doivent être accompagnées du montant des frais, égal à celui des frais d’envois. Passé le 1«  octobre, nous déclinerons toute responsabilité sur la conservation de ces projets. DÉCORATION D’UNE CHAPELLE A la chapelle des Pères de Sainte•Croix, au Vésinet, on a inauguré, le 9 juillet, une grande peinture décorative de M. Maurice Denis. Quels dons heureux que ceux de ce jeune peintre ! Tout ce qui vient de lui semble fait avec une étonnante facilité, au point de faire croire presque à l’improvisation, par moments ; et cela possède pourtant toujours une distinction suprême. Avec lui, tout passe, même ce qui, chez d’autres, deviendrait des erreurs. C’est qu’il y a en M. Mau-rice Denis une sensibilité dans la grâce qui ne se trouve mi même point chez aucun autre peintre de là jeune génération — ni de beaucoup d’autres. C’est un charmeur. Avec l’habileté, une connaissance du métier qui saute par-dessus les difficultés en se jouant, un sens décoratif exquis, et vingt autres qualités au service de ce don-là, M. Maurice Denis doit fatalement conquérir le grand public aussi bien qu’il a déjà conquis le petit monde de la pein-ture. O. G. L’ART PUBLIC Il s’est tenu à Bruxelles, l’hiver dernier, un congrès, d’ e Art public z, inventé par un fonc-tionnaire belge plein de bonnes intentions, ou peut-être d’ambition. Vous ne vous expliquez peut-ètre pas très bien ce que cela veut dire, 1′ e Art public z ? Voici. Vous prenez. une rue. Telle qu’elle est, cette rue, c’est le produit de toutes les initiatives, bonnes et mauvaises, le rendez-vous des manifestations de toutes les activités; c’est, en un mot, l’expression la plus complète de la vie, des mœurs, des besoins, des idées, des beautés, des laideurs, des vérités et des erreurs du temps. Nous sommes d’accord, n’est-ce pas ? Bon. Eh bien, prenez une feuille de papier, une plume ; d’un trait, décrétez que tout ce que vous trouvez déplaisant là-dedans n’a plus qu’à s’en aller. C’est l’ e Art public z. Or donc, un membre du Conseil municipal de Paris, M. John Labusquière — vice-président dudit Conseil, s’il vo. plaît — s’est trouvé pour reprendre l’idée bizarre de l’excellent fonctionnaire bruxellois ; et comme M. Labusquière est pour le quart d’heure une des e grosses légumes n de l’édilité parisienne, il n’a pas eu de peine à faire décréter la naissance d’une commission u mixte — une commission ne nait pas sans adjectif ! —de conseillers municipaux, d’archictectes et d’ama-teurs, chargée de préparer un re-congrès d’ « Art public in à Paris en r9oo. Des officieux nous donnent déjà quelques tuyaux sur la c mission z de cette assemblée d’hommes importants :s’occuper de toutes les questions d’art décoratif, de style architectural concernant les monuments importants de toutes les villes du monde, leur conservation ou leur reconstitution, ainsi que l’étude de l’aspect artistique de certains quartiers particulièrement curieux. Nous avons déja une Commission des Monuments publics, une Société des Amis des Monuments parisiens, une autre d’Amis du Vieux-Paris, dans tous les départements des sociétés s’intéressant aux monuments locaux, des architectes du gouvernement, des architectes diocésains, et cetera, et cetera. Il parait que cela ne suffit pas. Il est vrai que ce qui concerne les monuments existants ne fournira que le menu fretin de la besogne au Congrès d’ Art public u ; il a bien d’autres chats a fouetter. Dame, pensez donc ! s’occuper de e toutes les questions d’art décoratif ! et de style architectural ! Admirons cette phalange d’hommes dévoués, qui vont enfin déterminer ce que sera le nouveau style d’architecture après lequel maints pauvres diables d’architectes s’acharnaient en vain dans leur coin, et nous faire à sçavoir selon quelle or-donnance nobles, manants et vilains ont désormais à décorer leurs hostels ou logis. Et faisons monter vers Dieu nos meilleures prières peul-que. le Congrès é’ e Art public z soit autre chose que ce que sont d’ordinaire les congrès, le dépotoir des discours de messieurs peu connus, pressés d’un invincible besoin d’épancher leurs grandes phrases… et qu’il ne se trouve pas quelque malotru pour leur dire que l’avènement de l’art dans la rue, c’est tout 226 FIND ART, DOC