L’ART DÉCORATIF imite Boecklin. La Bataille de M. Anquetin est une mêlée furieuse de cavaliers nus et de che-vaux dont le sujet lui a été évidemment inspiré par la Bataille de Centaures d’Arnold Boecklin. Si la toile de M. Anquetin n’est pas dépourvue d’une certaine allure, d’une évidente grandeur d’imagination, c’est beaucoup à Boecklin qu’en re-vient l’honneur. Mais la grossièreté de la facture et les fautes du dessin y apparaissent à chaque instant. Ce qui fait le mérite des fameux cen-taures de Boecklin, c’est que, quoique empruntés à la fiction, ils ont une apparence de .vérité, ils vivent d’une vie réelle et intense, c’est que leurs ana-tomies sont réelle-ment établies. L’ima-gination de Boecklin peut ne pas être appréciée, mais on ne saurait lui refuser une puissance qui chez M. Anquetin devient purement déclamatoire. lin s’abandonnant à ce qu’il y a en lui de faussement théâtral, cet artiste n’est ar-rivé qu’à la bous-souffure. M. Roll dans son Son souvenir de la pose de la première pierre du polit Ale-xandre, a fait oeuvre d’artiste habile et consciencieux, niais outre que ceci ne se prête que bien peu à la décoration, nous nous trou-vons en face d’un sujet de genre dans des dimensions plus larges. Mais ni M. Roll ni M. Jean Paul Laurens pas plus que M. Montenard ou M. Tattegrain ne me paraissent avoir une conception vraie de la peinture décorative. Chez eux , c’est malheureusement trop souvent le souci du dé-tail qui prédomine, détail pris en lui même et non pas considéré ainsi qu’il le faudrait comme une partie destinée à jouer son rôle dans l’ensemble. La peinture décorative moderne, devenue l’équivalent de la speinture à fresques doit comme celle-ci impressionner l’oeil avant tout par son unit’. Il faut pouvoir en sentir l’har-monie générale, avant que d’en ganter les dé-tails, et c’est cette harmonie générale, où rien jamais ne devrait détonner, que Puvis de Cha-vannes possédait au plus haut degré et qui manque à la plupart de nos peintres. Ce que j’ai indiqué pour M. Boutet de Mon-vel pourrait s’appliquer’ beaucoup de ceux qui pratiquent la grande décoration. Abuser des couleurs trop nombreuses, c’est éparpiller l’attention. Loin de nous néanmoins la pensée de faire le procès de la couleur. Qu’elle soit aussi ardente qu’on le voudra, amis qu’elle reste une. Cela est du reste si évident que l’on n’éprouverait pas le besoin d’y insister si l’on rte voyait ce principe sans cesse méconnu, si l’on ne voyait beaucoup d’entre les modernes oublieux de la grande leçon qu’ils reçoivent de ceux qui décorèrent le Campo Santo de Pise, le Palais Ri-cardi de Florence, ou les chambres Borgia du Vatican. – Assurément le souci du beau mor-ceau de peinture est sans cesse visible citez le Ghirlandajo ou chez Benozzo Gozzoli. Chaque per-sonnage est d’une anatomie scrupu-leuse, chaque por-trait étrangement E. M. LILIEN vivant. Mais ces qualités ne nous sé-duisent qu’après que nous avons admiré l’har-monie suprème des ensembles, le sens im-peccable des grandes lignes. Et rien ne vient nuire à cette impression. Chez Benozzo Gozzoli, par exemple, on sent bien qu’il n’a jamais employé que trois ou quatre tons différents, et sans pour cela renoncer à obtenir les nuances les plus subtiles. C’est pourquoi j’enregistre avec intérêt les oeuvres de ceux qui tout en faisant de l’art très moderne n’oublient pas ces lois essentielles. lot) HENRI FRANTZ. FIND AR DO