540 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE (lait à l’Hôtel Drouot, en vertu d’un jugement, quelques tableaux qui avaient été déposés chez un expert parisien aujour-d’hui décédé, et qui n’avaient jamais été réclamés par leurs propriétaires : un ta-bleau attribué au Gréco, la Vierge appa-raissant à saint Dominique, a été payé 23.45o fr. Un Portrait résumé du duc d’Orléans, par De Troy, 8.000 fr. (3 no-vembre). COLLECTION BEURDELEY, Estampes mo-dernes (80 vente). — C’était la troisième partie des estampes modernes, elle a produit 131.264 fr. Le no 361, Victor Hugo de trois quarts, deuxième état, par Rodin, 5.60o fr.; no 362, Victor Hugo de lace, par Rodin également, d uxième état, 3.900 fr. ; no 223, La Grande Bergère, par Millet, épreuve annotée par Delatre, 3.350 fr. A la suite de cette vacation, et en attendant les suivantes, le total actuel-lement réalisé par les ventes Beurdeley atteint 5.606.516 fr. A elles seules les estampes modernes ont produit 1.171.613 fr. (8 novembre). Au Musée Condé : le legs Bernier. M. Bernier, qui construisit l’Opéra-Comique, et se montra toujours homme de godt dans son privé, a fait un legs important au Musée Condé. Il l’a fait, en outre, avec un tact que les conserva-teurs ne sauraient manquer d’apprécier : il leur a laissé la liberté de choisir dans sa magnifique bibliothèque, en mar-quant simplement son désir que quelques pièces entrassent plus particulièrement dans le château des Condés. Voilà le geste d’un ‘ honnête homme », au sens du xvii0 siècle, et qui facilite la clarté et l’harmonie des collections, dans un grand établissement. M. Macon, l’érudit conservateur de Chantilly, héritier de la pensée du duc d’Aumale, a donc choisi, avec le goût sûr qui le caractérise, ce qui convenait le mieux à l’illustre maison qu’il dirige. Et voici les spécimens les plus remarquables qui viennent d’être installés au rez-de-chaussée, proche les appartements du duc d’Aumale, dans le petit salon qui précède les cabinets des conservateurs : Un seul bibelot : c’est une petite malle du xvine siècle, en maroquin rouge, aux armes de la famille d’Orléans, ornée de larges dentelles dorées au petit fer. Un seul meuble ancien : une jolie bibliothèque Louis XV en bois de rose ; elle est partiellement arrangée en vitrine, et contient quelques-uns de ces beaux portefeuilles qui étaient jadis réservés aux ministres et aux grands person-nages ; l’un d’eux est orné de paillons, sur fond de maroquin rouge ; un autre, nous apprend l’inscription gravée, a appartenu à M. Chalgrin, architecte du Roy, premier architecte de Monsieur, intendant des bâtiments du comte d’Artois Quelques fort belles reliures, portant les armes de grands personnages des xvne et xvine siècles, sont également exposées dans cette vitrine. Une grande bibliothèque occupe tout un côté de la salle, et renferme la col-lection de livres proprement dite. Le choix de l’amateur a été fort éclectique ; il est évident que M. Bernier aimait les volumes bien « habillés o, et certains d’entre eux — Semaines saintes, etc. — ne furent acquis certainement que comme des bibelots précieux. Par contre, une se-conde portion du fonds Bernier comprend soit des livres de curiosité, soit un grand nombre de ces ouvrages classiques de littérature et d’histoire que tout biblio-phile se plaît à réunir, quand il a la chance de les rencontrer dans la bonne édition et le parfait état de conservation : citons, à titre d’exemple : les Fables de La Fon-taine, illustrées par Oudry (1755-1759) ; le Télémaque de 1785, avec les gravures de Monnier : le Sacre de Louis XV ; les Fêles pour le mariage du Dauphin ; les Médailles de Louis le Grand ; la Relaticin de l’arrivée du Roy au Havre de Grâce (1753, reliure aux armes royales) ; l’En-trée d Paris de Louis XIV et de Marie-Thérèse (1662) ; le Sacre et le Couron-nement de Louis XVI (1775, reliure aux armes royales) ; le Songe de Poliphile, édition de 1546 (Ire édition française), c’est l’exemplaire du vicomte de Janzé, qui fut adjugé 3.85o fr. à sa vente, en 1909. Il y a aussi plusieurs livres du xixe siècle, certains dans leurs reliures romantiques ; ainsi le Paul et Vir-ginie de 1838 ; d’autres se recommandant par quelque curiosité ainsi pour Cinq-Mars, d’Alfred de Vigny (Carrel, 1826), avec le mot Alfred tracé en première page par une main qu’il n’est pas difficile de reconnaître. Mais la partie la plus intéressante de la bibliothèque, c’est évidemment les ma-gnifiques volumes anciens relatifs aux beaux-arts, et l’on comprend cette pré-férence de la part d’un architecte du goût de M. Bernier. Voici quelques-uns de ces beaux recueils : les Bâtiments de France, par Du Cerceau ; l’Architecture, par Bof-frand ; les CEuvres de Lepautre ; les Ornements inventés par Bérain (Thuret, aux galeries du Louvre), exemplaire dans un état superbe ; le Recueil d’ornements (Cauvet, 5777); M’ivre de juste-Aurèle Meissonnier ; le Recueil d’architecture de Neuf forge ; les Médailles de Louis le Grand ; la Galerie du Luxembourg (lm), aux armes de Maillebois ; le Château de Richelieu, par Jean Marot ; les Délices de Paris et de ses environs (Joubert, 1753); puis un grand nombre d’ouvrages curieux relatifs à Versailles, depuis l’ori-gine jusqu’à la fin du règne de Louis XVI. La paisible salle où nous avons pu feuilleter ces beaux exemplaires est ornée d’un portrait du donateur, par le maître Bonnat (1882) ; la fenêtre laisse voir l’admirable parc, les canaux, et juste en face, les somptueuses écuries dues à l’architecte Aubert : il n’y a pas d’hori-zon plus approprié pour une semblable lecture. Dons au Musée de Versailles. Au cours de la saison dernière, le Palais de Versailles a reçu de nombreux dons. C’est d’abord le don fait par testament par le marquis de Ségur, décédé il y a deux ans et exécuté par sa veuve, qui en avait reçu l’usufruit, après la récente mort de son fils. Il comprend deux magni-fiques portraits par Mme Vigée-Lebrun : celui du maréchal (le Ségur et celui du comte de Ségur, le diplomate, fils du pré-cédent ; puis deux charmants dessins, par Carmontelle, représentant la marquise de Ségur et la mère du maréchal ; a la comtesse de Ségur et le petit gaillard ; enfin, un spirituel dessin en silhouette, fait par rideau (?) à Pétersbourg, en 1785, et montrant le comte Louis-Phi-lippe de Ségur, ambassadeur en Russie, travaillant dans son cabinet. Dans la salle où l’on a remis les accrois-sements du musée nous avons vu encore un intéressant pastel, par Boze, portrait de la célèbre Mme Campan, lectrice des filles de Louis XV, femme de chambre de Marie-Antoinette, et qui mourut dir-c-trice de la maison d’éducation d’Écouen. L’oeuvre est d’une harmonie séduisante peinte dans la gamme des gris elle est curieuse aussi, soignée, un peu sèche cependant ; elle a, du moins pour nous, l’intérêt de nous représenter une femme qui a tenu une place notoire à la Cour de Versailles ; sa valeur d’art se rehausse donc d’une incontestable valeur docu-mentaire. Le musée a eu la bonne fortune de recevoir quelques morceaux tout parti-culièrement précieux pour l’histoire de Versailles : Ce sont d’abord deux char-mantes esquisses de Le Brun, pour des peintures qu’il fit exécuter par Audran dans l’escalier aujourd’hui détruit des Ambassadeurs, escalier monumental à double révolution, par lequel on faisait monter, sous Louis XIV, les envoyés des souverains étrangers dans les grands appartements. Les murs étaient recou-verts de peintures où l’on voyait des personnages, la plupart orientaux, accou-dés à une balustrade simulée. Les deux esquisses de Le Brun sont peintes dans la manière la plus délicate, d’une distinc-tion de couleur qui s’allie à la somptuo-sité. De Van der Meulen, la vue de l’ancien château de Versailles est aussi un excel-lent tableau en même temps qu’un inté-ressant renseignement topographique (don de M. Larcade). Voici encore d’autres documents : un amusant Départ pour la chasse au faisan, avec un aperçu de l’Orangerie, grande toile d’époque Louis XIV, peinte sans doute dans l’atelier des Martin ; une jolie aquarelle de l’atelier de Mique, l’archi-tecte, et qui représente une coupe de la Buanderie de la reine à Trianon, animée de nombreux personnages ; d’Hubert Robert, un dessin à l’encre de Chine qui offre l’aspect de la grotte du Bosquet d’Apollon ; il est composé de la réunion (le deux feuillets égaux ; le feuillet de gauche avait été autrefois acheté par l’État 25 francs ; celui de droite avait été trouvé par M. Lemonnier, le bienfai-teur du Musée de Rouen. Le rapproche-ment des feuillets a permis de constater la section et de reconstituer un dessin intéressant, mais dont la signature et la facture, en certaines parties, laissent soupçonner que l’artiste a eu un collabo-rateur. François Delamonce et François Noblesse, des artistes assez inconnus, ont signé deux dessins, à la plume, sépia et aquarelle, représentant l’un le Bosqu FIND ART DOC