La collection de dentelles de M » » Rigaud. Au moment où ces lignes paraî-tront, la première partie des col-lections de feu Mme Rigaud se dis-persera. Nous y re-viendrons.Mais, dès aujourd’hui, nous voulons esquisser la figure de cette femme de bien qui savait allier le goilt des choses de l’art et la bonté. Depuis de lon-gues années elle habitait cet hôtel de l’avenue des Portugais qui fait le coin de l’avenue Kléber. Lors-qu’elle s’y installa, l’appellation n’était pas si pompeuse, — rue Pauquet tout simplement, — mais le coin était charmant, car, en face, au lieu de la lourde masse du Majestic, s’élevait le palais de Castille, entouré de verdure. Khalil-bey construisit l’hôtel qui nous occupe et qui fut habité par Émile de Girardin. Nous ne doutons pas que la maison, tant que le polémiste l’occupa, n’était pas le sanctuaire de la dentelle et des fins bibelots… Mais avec Mme Rigaud ce fut tout autre chose, et les salons du premier étage, après la bruyante et bril-lante cohue des hommes politiques et des journalistes, connut des hôtes plus paisibles, plus gracieux aussi : en (les vitrines im-menses MmeRigaud plaça des manne-quins revêtus des plus chatoyants costumes du xviiie siècle, des IÀ -.v,‘■ i. DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE objets de toilette en or, en nacre, en argent ou en émail, toute une réunion de bottes, nécessaires et ustensiles en paille colorée, plus de quatre cents éven-tails, des chapeaux, des peignes, des boucles, des épingles, des agrafes, et enfin, et surtout, sa merveilleuse collection de dentelles. Somptueux points de Venise au décor gothique ou Renaesance, guipures du Brabant, délicats points de France, pas-sements d’Angleterre produits admi-rables d’Arras, de Lille, d’Alençon, d’Ar-gentan, de Valeiwirnes, du Puy, de Reims, de Malines, (ie Paris, d’Aurillac, des Flandres, de Gènes, d’Espagne, et aussi dentelles d’argent et d’or, simples écharpes ou voiles magnifiques, bonnets campagnards ou parures de reines et d’impératrices, — toutes les étapes et tous les plus beaux spécimens des centres fran-çais et étrangers se trouvent repré-sentés dans les vi-trines ou les caisses innombrables de Mme Rigaud. Le public en connaît déjà une partie, car la col-lectionneuse se plaisait, avec une inlassable géné-rosité, à prêter ses trésors dès que les conservateurs de musée ou les organisateurs d’expositions lui en faisaient la demande, surtout s’il s’agissait d’une oeuvre de bienfaisance : le Petit Palais, notamment, garde mémoire de la participation extrêmement impor-tante qu’elle prit, en 1916, à l’Exposition si réussie qui fut faite en ce musée au profit des artistes et des littérateurs éprouvés par la guerre. Parisienne depuis toujours, veuve du grand industriel qui fut maire et député de Neuilly, Mme Rigaud n’a pas oublié la ville de Paris dans son testa-ment : c’est ainsi qu’elle a autorisé le Musée Carnavalet à choisir jusqu’à con-currence (l’une valeur de Ioo.000 fr. des dentelles et des bibelots dans sa riche collection ; elle a fait égale-ment une libéralité magnifique en faveur du Musée (les Arts décoratifs. De haut en bas : I. VOLANT POINT DE FRANCE XVIII.’ SIÈCLE. II. VOLANT POINT DE VENISE XVIII° SIÈCLE. III. VOLANT POINT DE SEDAN. XVIII0 SIÈCLE. IV. VOLANT POINT D’ARGENTAN XVIII0 SIÈCLE. Vente Alphonse Kann. Elle aura lieu à la Galerie Georges Petit, les 6, 7 et 8 décembre, et cons-tituera une des plus importantes et séduisantes ven-tes de la saison. M. Alphonse Kann est un amate