LE CARNET D’UN CURIEUX Promotions. Notre rédacteur en chef, M. Arsène Alexandre, fut promu, dernièrement, officier de la Légion d’honneur. Ces jours-ci. notre excellent collaborateur, M. Guil-laume Janneau, croix de guerre, inspec-teur des monuments historiques, vient d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur. Dès l’armistice, M. Guillaume Janneau, chargé, par le Gouvernement français, de recouvrer les collections publiques et les trésors d’art de nos églises et de nos musées du Nord, s’acquitta de sa mission avec une. complète réussite, fruit de son intelligente ténacité. La Renaissance de l’Art Français est heureuse d’annoncer cette nomi-nation qui est la juste récompense décernée à un écrivain dont nos lecteurs ont remarqué le talent, et qui joint, à une haute probité professionnelle les qualités de coeur d’un excellent ami. Pour services exceptionnels qui, dans l’espèce, étaient une active contribution à nos oeuvres de propagande artistique, M. Josse Bernheim Jeune vient de rece-voir le ruban rouge. Il était dû à ce grand marchand. En sa personne. ce n’est pas seulement l’éditeur droit et loyal qui reçoit la croix : c’est l’auxiliaire énergique de l’art moderne. Trente ans durant, M. Josse Bernheim-Jeune a mené le bon combat, recevant de galante manière les horions et les injures, à l’époque héroïque où l’impres-sionnisme excitait les fureurs pu-bliques. L’École moderne a triom-phé. Sa gloire est établie dans la raison des hommes de goût. Il était juste que l’un de ceux qui firent le plus pour elle voit, enfin, la récompense de son courage et de sa clairvoyance. Son frère et collaborateur, M. Gaston Bernheim-Jeune avait déjà reçu la croix. La Renaissance de l’Art français et des Industries de luxe associe les deux chevaliers dans ses cordiales félicitations. A propos de la vente Roybet. Bien que cette vente ait eu lieu le mois dernier, il n’est pas trop tard pour parler de l’incident Auquel elle a donné lieu. C’est, en effet, à l’occasion de cette vente que, pour la première fois, s’est réunie la Commission instituée dernièrement et qui doit désigner les objets d’art, en circulation dans le commerce, jugés dignes d’être considérés comme patri-moine national et dont l’exportation est, de ce fait, prohibée. Le classement pour cinq années, renouvelable, sera pro-posé au Ministre de l’Instruction Pu-blique ; l’arrêté ministériel qui inter-viendra dans la suite, sera la première application de la loi nouvelle. Donc, une Commission, composée de MM. Salomon Reinach, Gaston Migeon, Aubert, adjoint à la Conservation du Louvre et d’un représentant de la Direc. fion des Beaux-Arts, s’est transportée dans l’atelier du peintre Roybet, quelques jours avant la vente et a classé trois statues de Vierges dont il nous a paru intéressant de donner ici les reproduc-tiohs. L’expert de la vente, qui assistait à la délibération,. a déclaré que mention serait faite au public, lors de la mise sur table des objets, de la prohibition de sortie à laquelle leS acheteurs devraient se conformer. Il a voulu en même temps s’assurer qu’on pouvait conclure de la décision précédente que tous les autres objets qui composaient la vente étaient, au contraire, définitivement libérés de toute entrave. Ce à quoi la Commission a répondu à peu près en ces termes: Il ne faudrait pas tirer de notre décision une pareille conclu-sion. Par exemple, nous estimons pour le moment que telle ou telle sculpture n’offre pas d’intérêt artistique suffisant pour motiver son classement ; mais il se peut fort bien qu’à la suite d’une décou-verte toute fortuite, nous venions à apprendre qu’elle acquiert tout à coup une importance historique considérable, du fait qu’elle aurait été destinée à quelque personnage célèbre, qu’elle ait fait partie de la décoration d’un monument civil ou religieux ou qu’un souvenir historique particulièrement intéres-sant s’y rattache. Dans ces divers cas, nous poursuivrons l’oeuvre là où elle se trouvera et nous aurons l’autorité de la classer… à moins qu’elle ne soit déjà sortie de France ». Voici donc un principe admis dont les conséquences sont d’abord de porter un préjudice au vendeur — car on pourrait craindre que l’objet classé ne reste à un prix inférieur puisque tous les marchés étrangers lui sont fermés — et ensuite de faire planer, la menace de classement sur tous les autres. Le résultat évident est que les très beaux objets d’art qui se trouvent actuellement hors de France, ne se hasarderont pas à traverser notre frontière de crainte d’être frappés d’emprisonnement. On pouvait espérer voir arriver bientôt de Russie, de Pologne ou d’ailleurs des chefs-d’œuvre qui auraient pu augmenter ne N° 22. – GROUPE EN BOIS SCULPTÉ AVEC TRACES DE POLYCHROMIE. — ART FRANCAIS. TRAVAIL D’AUVERGNE, XII° SIÈCLE. (ACQUIS PAS NI. DENIOTTIL). FIND ART DOC