Isenbrandt ( 1551), le-quel a précisément copié les architectures du trip-tyque Malvagna dans un volet de retable de la col-lection Kauf man n de Berlin. Le catalogue des Geborgene Kunstwerke si-gnale aussi l’opinion de Friedlander qui propose l’attribution à Bellegambe. A Bruxelles, il fut pos-sible de rapprocher notre tableau du polyptyque d’Anchin et d’autres œuvres de Bellegambe ve-nues de Douai ou de Lille. C’est en faveur du Français que la balance a définitive-ment penché. La délica-tesse du modelé, le soin apporté au rendu des ar-chitectures, un tendre mys-ticisme d’inspiration fla-mande, autant de qualités dont la critique fait hon-neur au maître de Douai et que notre Sainte Famille possède sans conteste. Néanmoins la question n’est pas définitivement tranchée ; elle reste digne de la considération des sa-vants. Quant au tableau, — qui doit (le toute ma-nière se placer aux envi-rons de 1525, — il conti-nuera de plaire à ceux pour qui tout n’est pas dit quand un nom et une date s’inscrivent avec certitude sur un cartel. • • • LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE L’un des plus beaux portraits de nos collections modernes, le Léopold Pr de Liévin De Winne, peut être tenu pour un chef-d’oeuvre dans un genre où les chefs-d’oeùvre se comptent. Ici, la gravité officielle ne détourne pas l’attention de la vérité humaine et le peintre ne s’est point borné à détailler avec conscience les bro-deries d’un uniforme. Sous l’habit blanc, il y a un roi, un homme et même un homme vivant. Le vi-sage est expressif, énergique ; on y devine la pensée calme et prompte, la distinction, la séduction natu-relle et la maîtrise de soi. Avant de camper l’effigie en pied, Liévin De Winne avait exé-cuté d’après nature une étude de la tête royale. C’est l’une de ses réussites les plus complètes et lui-même s’en déclarait très fier. Le Musée de Bruxelles peut aujour-d’hui se féliciter de posséder le précieux morceau, récemment acheté à M. Lequime pour la somme de io.000 francs. L’exposi-tion de l’oeuvre contribuera sans doute à relever le prestige d’un peintre dont la renommée discrète CL. 311,41 M. DRU:CELLES. JEAN BELLEGAMBE ? — SAINTE FAMILLE. susis OE MIUXELLES. LIÉVIN DE WINNE. ÉTUDE POUR LE PORTRAIT DE LÉOPOLD I er. 535 mériterait de grandir. Nous n’avons eu en Bel-gique, depuis 183o, que très peu de bons portrai-tistes. A vrai dire, avec le davidien Navez, Dé Winne est le seul que l’on puisse considérer comme un mai-tre. N’oublions pas cepen-dant Édouard Agneessens qui nous a laissé d’admi-rables groupes d’enfants. Mais qui pourrait préten-dre à la succession de ce trio ? Ni Alfred Cluysenaar sans doute, ni Jean dé la Hoese, ni ce jeune Franz Van Holder, mort il y a quelques années et dont une rétrospective vient de nous présenter l’ceuvre honnête et sympathique. Henri Evenepoel n’a pu donner la pleine mesure de son talent et, seul des vi-vants, Théo Van Ryssel-berghe nous honore. Les contemporains n’étudient guère dans un visage que les plans et les lumières ; le reflet d’une âme les cap-tive moins. Il est assez piquant d’observer cette pénurie de portraitistes au pays qui connut un Jean Van Eyck, un Antonio Moro, un Van Dyck. un Corneille De Vos. Mais en quelle contrée d’Europe ou d’ailleurs vit aujourd’hui le peintre dont les portraits psychologiques égalent en intensité les bustes de Rodin, par exemple ? Liévin De Winne, né à Gand en 1821, ne découvrit que sur le tard sa véritable voie. Il séjourna longtemps à Paris où il retrouva son ami Jules Breton, élève comme lui de Félix de Vigne. Il produisait alors de pâles com-positions religieuses ou historiques et c’est, parait-il, après un voyage au pays de Rembrandt que la métamorphose s’opéra. La réalité contemporaine, szrtout la réalité morale, se révélait au peintre ; celui-ci, par le fait, se révélait à lui-même. Vingt années devaient suffire à Liévin De Winne (mort en 1880) pour qu’il nous laissât une admirable galerie de portraits intimes, sobres, naturels. Ces oeuvres commandent l’attention non pas impérieusement, mais doucement écrivait Charles Blanc en 1867. On pourrait ajouter que le Portrait de Léopold ier atteint à une noblesse rare et qu’il se distingue par cette ampleur se-reine que l’on a coutume d’appe-ler, d’un mot auquel il faudrait refaire une virginité, le style PAUL. FIERENS. FIND ART DOC