52S LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE réaliser ce grand pro-jet. Il n’avait cessé de préoccuper le service des Bâtiments, et plu-sieurs fois le premier architecte avait pensé le mener à bonne fin. Dès 1748, il donnait les grandes lignes de son plan définitif, em-piètement sur la cour intérieure, avant-corps sur la rue, façade monumentale sur les réservoirs. Les travaux commencés étaient mollement poussés jus-qu’en 1753 où la pénu-rie d’argent, les arrê-tait tout à fait. L’on semblait alors si bien renoncer à achever l’Opéra, qu’on distri-buait en appartements pour la Cour les par-ties construites, notam-ment les loges d’a( teurs. Mais dix ans après on y revenait encore, car Gabriel fournissait un nouveau projet pour la salle, le premier que nous ayons conservé. De 1763 à 1769 il ne cesse guère d’en soumettre, et la série, dont nous entre-prendrons peut être un jour l’étude, en est merveilleusement ins-tructive. Elle montre l’évo-lution du style en ces quelques années, comme l’abondance d’invention, l’éton-nante souplesse d’un l’AJOU. — RENAUD ET ARMIDE. PAJOU. — CASTOR ET POLLUX. PA J oU. — ORPHÉE ET EURYDICE, PAJOU. I.E SACRIFICE D’IPHIGÉNIE. génie décoratif. Plans, coupes et élévations, signés de Gabriel, para-phés de Marigny, rien n’y manque. Louis XV s’amusait à ces dessins Mais aux grandes oeu-vres il préférait tou-jours ses maisons parti-culières ou ses cabinets, son Petit Trianon sur-tout qui s’achevait au même temps. Aussi sans doute le roi s’en fut-il tenu là, sans le mariage de son petit-fils. Choiseul le négo-ciait avec la Cour de Vienne et l’on songeait déjà aux fêtes à don-ner en cette occasion. Il fallait faire grand : « Le Dauphin n’épouse pas tous les jours la fille de l’Empereur ». C’était Marie-Antoi-nette. En février 1768, l’in-tendant des Menus-Plaisirs, Papillon de la Ferté prouve dans un rapport « qu’il y a plus d’avantage à finir la grande salle de spec-tacles qu’à en cons-truire une provisoire. » Le sort en est jeté; il note dans son journal au 9 mars : « Le sieur Arnoult… m’a rendu compte que le Roi avait dit… à M. de Marigny de faire absolument terminer la salle de Versailles d’ici à vingt-deux mois. » L’exé-cution hâtive d’un