LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 519 fait d’anneaux suspendus, la monture de bague à quatre pans nus qu’expose le maître orfèvre ne sont pas seule-ment des chefs-d’œuvre d’exécution probe et robuste, mais de style. Cette élégance sobre, cette magistrale aisance, cette sévère distinction dans le caractère d’un dessin bien fait pour exprimer la matière, témoignent de la vigueur que donne seule la possession du mé-tier. Qui ne sait pas n’est pas libre, mais gauche. Un jeune artiste qui s’est manifesté déjà par des toiles énergiques et par des peintures dé-coratives impré-gnées d’une tendre et fraîche poésie, — telles sont les toiles qu’il destine à animer un mo-bilier louis-qua-torzien , — M. Jean Serrière, expose un ■■ service » d’argent battu où ses fortes qualités s’affir-ment mieux enco-re. Ici, rien d’hési-tant : un parti franchement ex-primé. L’artiste répudie les mièvre-ries aux fausses élégances. Le broc qu’il a composé n’est pas un bibe-lot d’étagère dont on ne saurait faire usage qu’avec d’infinies précau-tions. L’anse ro-buste et commode qu’il lui donne n’est pas timide : elle ne s’excuse pas de sa présence : elle est faite pour la main qui la saisira, et de sa masse puissante, M. Jean Serrière a su tirer un effet très heureux, équilibrant par elle la forme trapue de l’objet. Nous confessons ici une sympathie particulière pour l’art appliqué qui, vrai-ment et sans détour, s’applique à sa fonction. Quelques belles qualités de grâce et de richesse que montre M. Pierre du Mont, nous voudrions qu’il les utilisât à un objet pratique. Son harmonieux plateau d’argent joliment inventé, ne saurait recevoir que des cartes de visite. C’est quelque chose que de réaliser une belle oeuvre. Mais c’est à des travaux plus difficiles que nous attendons l’ingénieux artiste, Tout autre est le programme que se proposent les cé-ramistes. Hormis quelques décora-teurs qui créent pour l’édition des modèles nou-veaux, tels que ■I Avenard et Drésa qu’on suivra dans la bonne voie qu’ils défrichent, la plu-part des artistes, exécutant eux-mêmes, ne s’atta-chent à , réaliser que des oeuvres uniques. Ils n’ont d’autre souci que d’exécuter une pièce parfaite en soi, sans autre des-tination que de compléter un décor d’ameublement, en l’enrichis-,ant d’une belle forme parée d’une belle couleur. An-dré Metthey n’est plus, pour qui le feu dompté n’avait plus de trahisons. Une vitrine évo-que encore au Sa-lon d’Automne sa CL. R. •DGARD BANDT. – LAMPADAIRES ET LUSTRES. — SALON D’AUTOMNE. noble mémoire et la souplesse de son talent. Fidèle à la technique traditionnelle du a vernissé », Metthey n’utilisait la terre ou le grès que comme le support neutre sur lequel il posait son décor d’émaux. C’est là le procédé qu’a hérité du maître, M. Jean Mayodon.Son exposition du Salon, comme celle qu’il fait simultané-ment chez M. Géo. Rouard, atteste le respect qu’il pro-fesse pour l’art d’André Metthey. M. Mayodon n’est FIND ART DOC