498 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE s’attacher exclusivement à montrer sur la toile le cours rapide de son propre sang, bouillonnant dans ses artères, activé par • le feu de sa passion ; le modèle sera donc peint en rouge ardent. Ces principes étant exposés, on trouvera aisément l’explication de deux oeuvres de Chagall qui attirent tout particulilrement l’attention des visiteurs de l’exposition de Berlin. L’une est intitulée : « Le village et moi »; on voit sur la toile une vache, qui symbolise le village et qui consi-dère, avec sympathie sans doute, un personnage peint entièrement en vert parce que le vert des herbages est cer-tainement la, couleur favorite de la vache. L’autre tableau représente un « Soldat buvant •. Le soldat est peint à l’envers pour indiquer l’effet que produit sur le buveur l’alcool at sirbé. Cette méthode ingénieuse a été pous-sée à l’excès, si l’on peut dire, par un nouveau groupe allemand les « Expression-nstes absolus ■• qui n’admettent pas même la représentation en peinture des figures, mais seulement des harmonies infinies, des dissonances, des abstractions, des rythmes, des vibrations, des souhaits, des agonies et on convient qu’il y ait là, pour l’art, un domaine encore assez inex-ploré. Signalons encore un procédé employé par un groupe qui fait appel à divers accessoires pour donner un caractère nouveau à ses productions. Dans le • Portrait d’un matelot ., on ne découvre guère qu’une sorte de carte de géogra-phie qui offre une mosaïque de coquil-lages authentiques Tout semble bon pour remplacer le tube de couleurs tombé en désuétude, des bouts de vieux jour-naux, des fragments d’étoffes, des mor-ceaux de craie, de zinc ou de bouchon. Avec un peu de pratique, on pourra bientôt déterminer aisément que, si l’on voit réunis dans un même cadre une carte à jouer, un ticket de chemin de fer, une bague de cigare, un faux-col et une cra-vate de soie, on se trouve en présence d’un « Portrait d’homme .. Pour en finir avec ces divagations, no-tons que le russe Archipenko, un cubiste exaspéré a fait de nombreux prosélytes et le que mouvement Dada est de plus en plus florissant. Le Dadaïsme interna-tional a été fondé en 1916, à Zurich, par un Allemand, un Roumain et un Français, dans le but d’exprimer une véhémente protestation contre l’ordre entier des choses qui existent, aussi bien en poli-tique qu’en art. Les Dadas de Berlin préconisent le bolchevisme comme idéal social et le retour aux premiers bégaie-ments de l’enfance. Un des Dadaïstes les plus influents expose une étude intitulée Eternel féminin » ; c’est une charmante femme représentée grandeur nature, dont la figure est rouge, les cheveux verts, dont la robe est couverte de vrais sequins de métal. Elle lit une lettre d’amour et cette lettre, qu’elle tient à la main, est une véritable lettre collée sur la toile et dont on peut déchiffrer aisément le dé-but : « Anne-Marie, pourquoi me traiter ainsi ! Pour l’amour de Dieu, ayez pitié de moi…. L’auteur de ce chef-d’oeuvre se glorifie d’avoir trouvé cette missive amoureuse dans un tramway et estime que rien ne pouvait mieux que cette lettre, donner de caractère humain et émouvant à son oeuvre. L’art est en bonnes mains à Ber-lin… 10 Notes diverses. Cet automne, aura lieu, à Rome, une Exposition d’Art National des plus importantes, qui commémorera le cin-quantenaire de la Ville Eternelle comme capitale de l’Italie moderne. feiree%e$4.■ »ierre 0.firit Anie » 4:e. fi ,11 •• •*,,, Une vente faite à Londres à la fin de juillet dernier, a donné lieu à une surprise. Il existe en Angleterre une paire de vases roses, exemplaires célèbres exé-cutés en 1790 par la fabrique anglaise de Chelsea et connus sous le nom de Vases Dudley. La salle des ventes de Christie était, ce jour-là, remplie des amateurs et anti-quaires les plus marquants de la capitale et cependant, lorsque cieux pièces de porcelaine furent mises aux enchères, elles ne furent pas reconnues pour être les fameux Vases Dudley ; elles furent acquises pour 3oo.000 francs alors que bien avant la guerre, au m-ment cil le bibelot était loin d’avoir atteint sa valeur actuelle, on les avait est’mè.es plus d’un demi-million, prix auquel un collection-neur les avait achetées. L’adjudicataire, M. Amor, demeure confondu d’avoir pu profiter d’une aven-ture aussi insolite et qu’il considère comme unique dans sa carrière d’ama-teur. Il y a encore, pour les collectionneurs, de beaux jours dans les ventes publiques. Errata. Dans l’article intitulé : Quelques gra-veurs de Paris (numéro d’octobre) de notre collaborateur Clément Janin, celui-ci nous prie de signaler que les mots : « Cour de Messageries près des Halles., doivent être remplacés dans le texte ainsi que sous la planche, de M. Louis On., que nous repro-duisons p. 427, par Cour du Dragon près de Saint-Germain des Prés. Page 414, n° d’octobre, dans la légende de la grille en fer forgé, lire : xvi no siècle. LE CURIEUX. FIND ART, DOC