chandeliers, des torchères et des candé-labres. Puis en-core des bra-seros, où l’on brûlait de la braise de bois, pour se dégour-dir les mains ou les pieds, et que l’on attisait à coups d’écran 4 ou d’éventail, des crachoirs et des cages à oiseaux. Ainsi furent meublés tout d’abord les Grands Appar-tements et la Galerie des Glaces, sous la direction de Charles Perrault, l’auteur des Contes, frère de Claude, l’architecte, et qui joignai•à ses occupations littéraires la charge de Contrôleur des Bâtiments du Roi. L’orfèvre Claude Ballin avait mis tout son talent dans le dessin et la ciselure de ces pièces merveilleuses. Mais, en 1689, la France étant en guerre avec presque toute l’Europe et le Trésor royal étant réduit aux abois, Louis XIV dé-cida d’envoyer à la Monnaie, pour le fondre, tout le mobilier d’argent de Versailles. Tout y passa, du 12 décembre 1689 au 19 mai 169o, depuis les menus objets et les plus minces filigranes jusqu’aux gros meubles et jusqu’au Trône. La vaisselle d’or et d’argent suivit le même chemin. Ce geste, d’une grandeur apparente n’était en réalité qu’un acte effroyable de vandalisme, le travail de tous ces objets étant bien plus précieux que la matière dont ils étaient faits, et la somme que l’on en tira fut dérisoire. Mais pas un des diamants, dont Louis XIV et les Princes de sa famille étaient cons-tellés, ne fut, par contre, sacrifié. Une belle tapisserie des Gobelins, appendue dans l’Antichambre de la Reine, nous remémore seule aujourd’hui le style et l’aspect de ce mobilier disparu. Il fut remplacé par des meubles en boissculpté et doré, dont le Garde-Meuble possédait une réserve, ou fabriqués aux Gobelins à cette occasion. Nous trouvons; enfin, un autre type de meubles, très spécial, dans les meubles de Boulle. Ce style, très parti-culier, consiste dans l’application de découpages de cuivre sur un fond d’ébène ou d’écaille, en une sorte de marqueterie délicate et finement dentelée. Le métal est encastré sur son soutien, avec tant de précision, que le tout n’offre plus qu’une surface absolument lisse et brillante. Des lapis et des pierres précieuses viennent LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 491 ANTICHAMBRE DE L’OEIL-DE-BŒUF. CL. NCUROCIN parfois s’y en-châsser, mêlés à des ornements en relief, de cuivre ciselé et doré. L’Italien Domenico Cucci rivalisa avec Boulle dans la fabrication de ces meubles. Des tapisse-ries des Gobe-lins tendaient, durant l’hiver, les murs des Grands Appar-tements, et des tapis de la Sa-vonnerie, ou des tapis d’Orient, sur lesquels les dames prenaient plaisir à s’asseoir, en recouvraient le sol. Non moins volontiers elles s’asseyaient, l’été, sur les parquets, pour avoir frais, et c’est ainsi qu’à Saint-Cloud, où cet usage était en faveur comme à Versailles, l’aimable duc de Lauzun écrasa de son talon, par vengeance, la main de Mme de Monaco, qu’il accusait de lui préférer le Roi. Quelques beaux tapis de la Savonnerie et de belles tapisseries des Gobelins sont revenus aujourd’hui à Versailles (on sait que le Château fut complètement vidé à la Révolution) et y ont retrouvé, avec honneur, leur place ancienne. Les meubles sont plus rares, mais offrent des spécimens intéressants. Dans la Salle des Gardes de la Reine, une belle table en bois doré, avec dessus en marqueterie de marbre, est ornée de rinceaux, du style de Du Cerceau, qui contournent et enchevêtrent leurs lignes, et, à ses quatre pieds, de quatre têtes grotes-ques et ricanantes, semblables à celles des marottes de bouffons. Les quatre pieds de la table s’arrondissent en arc de cercle, comme des jambes qui plient, et nous enseignent, contrairement à ce que l’on croit d’ordinaire, que la mode des pieds de meuble cintrés ne date nulle-ment de Louis XV. Pas plus d’ailleurs que les meubles ventrus, commodes ou « cabinets », qui abondent dans les productions de Boulle. La règle, toutefois, n’était pas absolue, comme on le voit par cette autre belle table, que nous reprodui-sons, et qui se trouve dans les Grands Appartements du Roi, au Salon d’Apollon. Moins lourde de formes, elle repose sur des pieds droits, qui s’évasent vers le faîte, et les sculptures dont elle est ornée sont d’une large facture, en même temps que d’une merveilleuse finesse, Dans le Cabinet du Conseil, qui est attenant à la 8 FIND ART DOC,