490 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE ample et majestueux ; on lit au dos 0 toms XIV. 1681. A. COYSEVOX. n Parmi les tableaux, le Louis XIV d che-val, de Mignard, ornait autrefois, dans les Grands Appar-tements, le Salon de l’Abondance. C’est sur une partie de l’emplacement de Boeuf que fut établie d’abord la Chambre Royale et c’est dans cette chambre disparue que Molière exerça ses fonctions de tapissier. La charge, au surplus, n’avait rien de déshonorant et elle lui permettait d’ap-procher familièrement du Roi, ce qui lui fut plus d’une fois utile. Dans cette chambre, également, Louis XIV fut opéré d’une fistule, le 18 novembre 1686. Il y fut fort malade d’un anthrax, en août 1696, et Racine, afin de distraire sa souf-france, lui lisait, pen-dant la nuit, les Vies de Plutarque, dans la tra-duction d’Amyot. La Chambre du Roi, qui succéda à cette première chambre et qui fait suite à l’ Eil-de-Bceuf, ouvre ses trois fenêtres sur un petit balcon, au fond de la Cour de Marbre, dans l’axe de la Grille d’entrée du Château, de l’Avenue de Paris et, en arrière, du Tapis Vert et du Grand Canal, qui continuent la ligne médiane de Versailles. Ici non plus, plus de marbres, mais partout, sur les murs, sur les portes, au-dessus des portes, aux volets et aux ébrasements des fenêtres, aux cadres des glaces, des boiseries sculptées, blanc et or, riches et fines à la fois, où se lit le chiffre du Roi, deux _IL adossés. Le centre du plafond, où pendait un lustre de cristal de roche, est dans son état pri-mitif, sans ornementation ni peinture. Au-dessus de l’alcôve royale, un bas-relief en stuc doré, de Nicolas Coustou, figure La France veillant sur le Roi, avec la couronne et le sceptre, parmi des trophées. Les deux cheminées, aux appliques de bronze de Jacques Caffiéri, datent de Louis XV. Sur l’une d’elles, le buste de la Duchesse de Bourgogne, par Coysevox, 171o, est un marbre frém. issant de vie, où la mère de Louis XV nous apparaît avec ses lèvres épaisses et sensuelles, ses yeux à fleur de tête et cette sorte de beauté, faite de laideur, qui était son charme. La décoration de Mil-de-Boeuf et de la Chambre du Roi marque la dernière évolution de l’art Louis XIV. Rien n’y subsiste plus de l’influence italienne. C’est de l’art bien français et qui se rattache déjà à l’art Louis XV. De même, dans l’Es-calier des Princes, qui dessert l’Aile du Midi où logaient les Princes du Sang Royal, et dans les Vestibules du rez-de-chaussée et du pre-mier étage et de la Chapelle, à l’amorce de l’Aile du Nord, le marbre a disparu. Il a cédé la place à la pierre blanche, légèrement ambrée, où sculptures et bas-reliefs s’es-tompent discrètement, en une fine harmonie. CL. PAUL GRUVER. VESTIBULE DE LA CHAPELLE, EN PIERRE BLANCIIF., PAR MANSART. BAS-RELIEF DU PASSAGE DU RHIN, PAR NICOLAS COUSTOU REZ-DE-CHAUSSÉE. Divers types de meubles paraient Ver-sailles sous Louis XIV. Au sobre mobilier de chêne de Louis XIII succédèrent des tables d’albâtre, venues d’Ita-lie, des vases de por-phyre rouge poli, avec des montures de bronze doré, et de nombreux meubles et objets, en argent blanc ou doré, ciselé, repoussé ou filigrané, fabriqués à la Manufacture des Gobelins, dont la fondation est de 1662. Parmi ces objets se trouvaient ‘des tables, des guéridons, des bahuts, petits et grands, des fauteuils, dont les dos-siers, conte Mlle de Scudéry, découpaient sur un fond bleu leur dentelle métallique et étaient ornés de soleils, des bancs et tabourets, des piédestaux de vases ou de bustes, des buires à liqueurs et des aiguières au gros ventre et au long col, des corbeilles à fleurs et à gâteaux, des cache-pots pour de petits orangers, que l’on faisait fleurir, par forçage, en toute saison, FIND ART, DOC