LA RENAISSANCE DE CART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE Le marbre et le bronze doré y triomphent encore, mais avec plus de sveltesse et d’élégance, avec une har-monie plus savante, un art plus parfait, qui, dégagé de toute influence du passé, ne doit plus rien qu’à lui-même. La Galerie des Glaces, commencée en 1678, ter-minée en 1684. mesure soixante-treize mètres de long, dix mètres quarante de large et treize mètres à son faîte. Elle est éclairée par dix-sept hautes fenêtres cintrées, qui ouvrent sur le Parc. En face des fenêtres et doublant leur lumière, dix-sept arcades, de même dimension et de même dessin, sont revêtues de glaces à biseau, réunies entre elles par des filets de cuivre ciselé et doré, et qui furent exécutées à Paris, à la Manufacture Royale de la rue Saint-Antoine. Des pilastres de marbre rouge s’al-longent entre les arcades et entre les fenêtres; ils sont surmontés de chapiteaux en métal doré, dont le dessin se compose d’un fond de palmes, avec une fleur de lys au centre, symbole de la royauté, un soleil au faîte, devise personnelle de Louis XIV, et deux coqs battant des ailes, aux deux angles supérieurs, symbole de la France. C’est l’Ordre Français, composé par Le Brun, à la prière de Colbert, et qui, dans la pensée du ministre, devait devenir notre ordre national. Quatre niches de marbre, surmontées de trophées d’armes, abritaient des statues antiques, disparues à la Révolution et remplacées, à la Restauration, par quatre autres statues, d’une molle exécution. Les cintres des fenêtres et des arcades portent à leur sommet des têtes de soleils, alternant avec des mufles de lions. Au-dessus, la corniche, en stuc doré, est ornée de couronnes de France, de colliers de l’Ordre du Saint-Esprit et de Saint-Michel, A toute cette belle décoration ont travaillé Coysevox, Massou, Le Gros et Tubi. Dominique Cucci a ciselé les encadrements des glaces et les menus ouvrages de cuivre ; les chapiteaux des pilastres ont été fondus par Philippe Caffiéri. D’au-tres artistes, parmi lesquels Le Comte, Lespagnandel, Clérion et l’orfèvre Ladoireau, ont apporté leur pierre à l’oeuvre commune. Le plafond s’arrondit en berceau et est couvert de peintures, par Le Brun, que nous avons décrites dans un précédent article. Mais combien imparfaite, en dépit de son excellente conservation, demeure l’impression que nous éprou-vons en face de la Galerie des Glaces ! Il lui manque ses admirables tapis de la Savonnerie, à rinceaux et à soleils d’or, sur fond blanc, ses lustres de cristal de roche, ses torchères et ses girandoles, qui reflétaient dans les ar-cades de glaces le scintillement de leurs lumières, ses rideaux de satin blanc, qui encadraient les fenêtres, et les gros cachepots d’argent filigrané, où s’alignaient des orangers. Lors des réceptions extraordinaires d’ambas-sadeurs étrangers, le Trône se dressait à l’extrémité dela Galerie qui est du côté des Appartements de la Reine. Pour les bals et pour les fêtes, des estrades à l’usage des dames étaient disposées dans le sens de la longueur, 489 adossées aux fenêtres du Parc. Une curieuse estampe de Sébastien Leclerc nous représente une de ces fêtes, celle qui fut donnée, en 1691, en l’honneur de la prise de Montmeillan. Onze hommes vigoureux, suants et le torse nu, tirent un chariot porté sur de petites roues, où l’on voit figuré un rocher, au faîte duquel est représentée la Forteresse de Montmeillan. A l’avant du chariot, un jet d’eau, auquel le rocher sert de réservoir, jaillit d’une sorte d’urne et retombe dans un plateau qui supporte le tout. Cette construction en miniature, ce relief O. comme on disait alors, est charmante et délicieusement ingénieuse, La photographie, le cinématographe et les journaux illustrés, n’existaient pas à cette époque, et ce commentaire par la vue, d’un événement important, était destiné à en tenir lieu. On voit sur l’estampe les tribunes drapées, où ont pris place les dames de la Cour, devant qui le relief » défile. La Galerie des Glaces est réunie aux Appartements du Roi par le Salon de la Guerre, aux Appartements de la Reine ear le Salon de la Paix. Tapissés de glaces, l’un et l’autre, ils s’ouvrent sur la Galerie par une grande arcade, revêtue de marbre, à laquelle s’adosse un faisceau de colonnes et de pilastres. Sur la cheminée du Salon de la Guerre, qui est feinte, repose nun vaste bas-relief ovale, en stuc, par Coysevox, que soutiennent deux captifs, liés par des festons fleuris, et que surmonte une Re-nommée ailée. Il représente Louis XIV à cheval, foulant sous les pieds de sa monture ses ennemis vaincus. Cap-tifs et Renommée devaient être fondus en bronze et le bas-relief exécuté en marbre. Le temps et l’argent man-quèrent, et on laissa le tout en l’état. Sur la Cour de Marbre, Mansart aménagea pour Louis XIV qui, comme nous l’avons dit, abandonna en 1676 les Grands Appartements, un nouvel Appartement, dont les deux pièces principales sont l’Œil-de-Breuf et la Chambre du Roi. Les remaniements durèrent jusqu’en 1701. L’Œil-de-Bœu/, ou Antichambre du Roi, communique avec la Galerie des Glaces par trois portes de glaces. Il a pris son nom de la grande lucarne ovale, ou oeil-de-boeuf, pratiquée dans une des parois de la pièce. Un autre faux oeil-de-boeuf se trouve au-dessus de la cheminée, en pendant avec le précédent. La décoration de la pièce, où le marbre disparaît com-plètement, pour faire place à des boiseries sculptées et dorées, moins froides et plus intimes, n’a pas été modifiée. Les ciselures dorées sont de Julien Lochon, les sculptures sur bois de Taupin, Bellan, Le Goupil et du Goulon ; la corniche de stuc est de Lespingola : une superbe frise de stuc doré court à la base du plafond. La cheminée diffère complètement de celles des Grands Appartements. Le dessin s’en est fait moins lourd et une haute ‘glace la surmonte, qui est en trois morceaux, car on ignorait alors l’art de couler les grandes surfaces. Sur la tablette de la cheminée, préside un buste de marbre deLouisX117, FIND ART DOC