488 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET remplacées par les portes de bois sculpté que nous voyons. De même, les dallages du sol, gelants pour les pieds, et qu’il fallait laver sans cesse à grande eau, ce qui pourrissait les solives qui les portaient. furent arra-chés et firent place à des planchers de chêne. Et si, par la suite, les placages des murs furent davantage épargnés dans les Appartements du Roi, c’est que Louis XIV. dès 1676, cessa de les ha-biter pour transporter sa chambre et se-dépendances sur la Cour de Marbre, dans des pièces plus petite,- et plus confortables L’Appartement nt servit plus que pour les réceptions, d’où le nom qu’il prit d’Ap partement de Parade et le,s successeurs (In Grand Roi, se gal dèrent bien, à leu’ tour, d’y revenir. Le, Reines de France, au contraire, continuè-rent à habiter effec-tivement leur Grand Appartement, qu’elles améliorèrent du mieux qu’elles purent, et la Salle des Gardes fut seule laissée en l’état. De vastes che-minées, où l’on brûlait des bûches énormes, tentaient de chauffer certaines de ces pièces. Elles sont encore en place, avec leurs mar-bres, dont quelques-uns sont fort beaux, et au foyer, leurs plaques de fonte fleur-delysées, échappées à la Révolution. Au lieu de glaces, dont ce n’était point encore l’usage, elles étaient sur-montées de tableaux, encadrés de guirlandes en bronze doré. Dans le marbre de l’une d’elles, au Salon de Diane, est encastré un charmant petit bas-relief de marbre blanc, de Van Opstal, figurant la Fuite en Égypte. Les pièces qui se trouvent au rez-de-chaussée du corps central du Château, en dessous dès Grands Appar-tements du Roi et de la Reine, avaient reçu cette même et somptueuse décoration de marbres et de bronzes ciselés et dorés. Là le trouvait, notamment, le Cabinet DES INDUSTRIES DE LUXE des Bains, qui renfermait deux baignoires de marbre, ornées de bronzes par Cucci, et une piscine, faite d’une cuve monolithe en marbre de Rance, de forme octogo-nale de trois mètres de diamètre. On y versait, avec des seaux, de l’eau froide ou chaude, et plusieurs person-nes, assises sur un banc intérieur, pouvaient s’y baigner. Sans doute Louis XIV en fit-il usage avec Mme de Montespan. Tout a été détruit au xvItre siè-cle, sauf la cuve, que possède un parti-culier qui, en 1909, l’a fait transporter au Vésinet. Espérons que cette curieuse relique reviendra à Versailles. Au mime rez – de -chaussée, M. Chaussemiche, l’architecte actuel du château, a retrouvé récemment un der-nier vestige du Ver-sailles de Le Vau. En dessous de la maçon-nerie, démolie par lui, de cloisons juxtapo-sées sous Louis XV, pour l’appartement de Mme de Pompa-dour, il a mis au jour le mur primitif d’une ancienne Salle des Gardes, avec ses ar-cades de pierre, ses peintures murales, de style italien, et, ce qui était le plus inat-tendu de tout, les an-ciennes grilles dorées des portes, enfouies sous les moellons. Une restauration im-portante est nécessaire. Elle offre un intérêt capital. Espérons que les maigres crédits alloués à Versailles, maigres plus que jamais au prix de la main-d’oeuvre présente, en permettront l’exécution sans trop tarder. rea PALIER SUPÉRIEUR DE L’ESCALIER DE MARBRE. ET GROUPE. D’AMOUIIS SUPPORTANT LES ARMES DU ROI, PAR MASSOU. EXÉCUTION EN BRONZE ET ÉTAIN DORÉS. * * Lorsque Mansart succède à Le Vau et à d’Orbay, il inaugure, comme pour l’extérieur du Château, une nou-velle période décorative, dont la plus magnifique expres-sion sera la Galerie des Glaces et, à chacune de ses extré-mités, les deux Salons de la Guerre et de la Paix.