LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE n’a subsisté ; il avait été exécuté de 1672 à 1679, sur les plans de Le Vau, mais sous l’entière direction de François d’Orbay, son élève. Il ne nous est plus connu que par les descriptions contemporaines, les cartons de Le Brun, exposés au Louvre, et par une série d’estampes de Baudet, de Simonneau et de Louis Surugue. Il était d’une richesse superbe, plaqué de marbres, comme l’Escalier de la Reine, décoré de peintures militaires de Van der Meulen et couvert d’un plafond peint par Le Brun, encadré de rostres et de trophées, de cuirasses et ,.d’ar-mures. Au palier cen-tral, une fontaine, por-tant un groupe antique de Silène emporté par un triton marin (il se retrouve aujourd’hui au Louvre), déversait son eau dans une grande vasque, au milieu de coquilles et de roseaux sculptés. Parmi les pièces les mieux conservées des Grands Appartements du Roi, il faut citer sur tout les Salons de Vénus et de Diane. Le Salon de Vénus a gardé sa ma-gnifique décoration de marbres polychromes (placages des murs, en-cadrements des portes, pilastres et colonnes) aux joints d’une éton-nante perfection et qui n’ont point bougé de-puisplusde deux siècles. Dans une niche, qui fait face aux fenêtres, a été replacée la statue en marbre blanc de Louis XIV en Empereur romain, de Jean Warin, qui s’y trouvait autrefois. Le Roi est en armure antique et en perruque, et chaussé de cothurnes à têtes de lions ; sur son bouclier grimace une tête de Méduse. De fines peintures en trompe-l’oeil, de Jacques Rousseau, repré-sentent, sur les murs de droite et de gauche, deux pers-pectives de palais et des jardins. Entre les fenêtres, deux autres peintures du même genre « font voir, dit Félibien, des niches enrichies de coquilles et de bas-reliefs d’or, avec des statues de Méléagre et d’Atalante, peintes avec tant d’art qu’on a peine à croire qu’elles ne soient pas du relief ». Les portes, en bois sculpté, par Philippe Caffiéri, sont surmontées de bas-reliefs de cuivre 487 doré. Le Salon de Diane a conservé, comme la pièce précé-dente, sa riche décoration de marbres, de bois sculptés et de cuivres ciselés. Vis-à-vis des fenêtres, un piédestal appliqué au mur, avec des trophées de bronze en relief, porte le Buste de Louis XIV, par le Chevalier Bernin, sous une couronne portée par des enfants ailés, de bronze doré. Ce buste fut exécuté par le célèbre Italien lors d’un voyage qu’il fit en France, en 1665. « Dès qu’il fut arrivé, raconte Charles Perrault dans ses Mémoires, le Chevalier proposa de faire le buste du Roi. Ce fut un bon moyen de faire sa cour. On porta chez lui le plus beau bloc de marbre qu’on put trouver. Il tra-vailla d’abord sur le marbre et ne fit point de modèle de terre, selon l’usage des autres sculp-teurs. Il se contenta de dessiner au pastel deux ou trois profils du visage du Roi. L’oeuvre en a gardé un aspect primesautier, qui n’est pas sans agré-ment, et une certaine jeunesse (Louis XIV avait alors vingt-sept ans). C’est de l’art super-ficiel et brillant, qui ne saurait se compa-rer à celui d’un Coyse-vox ou d’un Warin. Les enfants ailés qui sur-montent le buste sont, ainsi que l’ensemble du petit monument, de Mazeline et Noël Jouve-net (1685). Des Grands Appartements de la Reine, la Salle des Gardes de la Reine qui communique avec l’Escalier de Marbre, a seule sauvé sa primitive décoration de compartiments et de lambris de marbre, aux murs et aux ébrasements des fenêtres. Toutes les autres pièces ont été remaniées au cours du xville siècle. Car, si des toits plats en terrasse sont un non-sens sous notre climat, combien plus encore cette décoration de marbres frigides était-elle, en dépit de sa noble beauté, mal adaptée à des pièces destinées à être habi-tées. Elle avait subi, dès Louis XIV, de nombreuses corrections. Les portes primitives étaient de bronze ajouré, comme à Rome, au palais de Néron. On pense quels soufflets de vent pouvaient y fuser ! Elles furent (cLICHiNEWMIM) GRANDE ARCADE ENTRE LA GALERIE DES GLACES ET LE SALON DE LA PAIX. FIND ART DOC,