LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS poser des modèles adap-tés aux véritables mé-thodes industrielles ? Ce n’est pas sans apparence qu’on leur reproche de ne songer qu’à l’oeuvre d’exception. Le directeur de l’Of-fice, M. H. Dubret, n’ignore aucune de ces difficultés. Il sait qu’é-claircir un malentendu n’est pas une tâche aisée, car les deux partis ne parlent pas la même langue et ne donnent pas aux mots le même sens. Il sera difficile de les convaincre que leur intérêt commun, lié à celui du pays, est d’éta-blir en toute loyauté un plan de collaboratiim. Les industriels, lors-qu’ils réaliseront un modèle créé par un artiste, consentiront-ils à faire oeuvre d’éditeur et à laisser l’auteur signer son oeuvre ? C’est là le point délicat. Est-il vraiment dirimant ? I.es artistes daigneront – ils quitter l’Olympe inac-cessible d’où, dieux nouveaux, ils préten-dent gouverner la pen-sée du monde ? Les dieux ne reçoivent plus guère d’offrandes. Leur crépuscule est venu. Notre siècle est sceptique. Convenons que les boudoirs d’esthètes n’intéressent pas le public. C’est d’un art franchement pratique, résolument clair et aimable, qu’il attend une rénova-tion des vieilles méthodes. Tant que l’art moderne restera le divertissement d’une élite, tant que la grande ET DES INDUSTRIES DE LUXE CL. RE/C. FAISIANO. — DÉCORATION POUR LE PAVILLON D’ANTIN. 483 industrie, formidable-ment outillée pour la dif-fusion des modèles, ne sera pas son associée, le mouvement moderne demeurera stérile. Or, la vulgarisation de notre art social est une nécessité qui dépasse les intérêts des artistes et des chefs d’industrie. I.a prospérité nationale y est engagée ; notre influence mondiale en dépend. C’est à la priapage’ t que va s’employer l’of-fice de liaison. Sa mission est de peovoquer l’ini-tiative de la grande industrie. Elle est de fournir à ses ateliers l’homme que l’expé-rience professionnelle et le talent qualifient pour une tâche déterminée. L’office indiquera au chef d’industrie le colla-borateur utile. A l’ar-tiste, il assurera des ga-ranties contre les abus éventuels, en exigeant, parmi les conditions po-sées, la reconnaissance du droit d’auteur au si-gnataire. Celui-ci parti-cipera donc au succès de son oeuvre. Déjà, de puissants ateliers de fonderies de la Haute-Marne ont accepté ces bases de négocia-tions. Des verreries, des émailleries, suivent l’exemple ; des fabriques de meubles en délibèrent. M. Dubret a foi dans le triomphe de cette saine formule. Quant aux artistes, souhaitons qu’ils y trouvent, avec le stimulant nécessaire, le correctif à certaines erreurs. GUILLAUME JANNEAU. 7