CAPPIELI.O. — CROQUIS. USVUHUIrT I:CHITECTES et décorateurs s’emploient à fonder l’art moderne. Les premiers, cons-tructeurs soucieux de logique, réfutent avec autorité la formule périmée qui consiste à subordonner les distributions à l’ordonnance des façades : formule classique issue du Grand Siècle. Avec Viollet-le-Duc, ils veulent que l’architecture appa-rente traduise, au contraire, l’organisme intérieur. Ils renouent avec la vieille méthode traditionnelle à la-quelle nous devons ces chefs-d’oeuvre d’architecture civile : le palais de Jacques Coeur, de Bourges, le char-mant hôtel de Pincé, d’Angers. Dans le même sens, nos décorateurs modernes cherchent à créer pour l’habitant du logis, une demeure qui s’adapte à ses goûts person-nels et à ses habitudes intimes. Mais leurs oeuvres ne sont guère appréciées et même connues que des gens de « l’art ». Le monument public seul possède un pouvoir d’enseignement étendu et effi-cace. Or, jusqu’à présent, nous n’avons point de mo-nument public inspiré du génie nouveau. Les expositions d’art y suppléeront-elles ? Ne nous abusons pas. Le public ne se méprend nullement sur la valeur des essais qui lui sont soumis. Il sait que les vrais amis de la pensée moderne ne sont point ses complaisants. Le public se rit des snobs qui tiennent, pour la suprême expression de l’art les plus dérisoires erreurs et c’est une faute des artistes que d’accepter une solidarité avec ceux qui les compromettent. Par quelle voie l’art moderne péné-trera-t-il dans la nation ? Les écoles régionales l’y pour-raient d’abord introduire. Ce musée en plein air, que sont L’ART DANS LA BOUTIQUE les affiches murales, y contribueront. La boutique par-fera l’oeuvre. Car nous possédons enfin des boutiques, — de vraies boutiques où l’on voit des ménagères —qui sont artistiques. Déjà certains grands hôtels avaient fait appel aux artistes pour décorer leurs halls et leurs salles à manger. Quelques grands magasins avaient suivi l’exemple. Chez tels couturiers, l’on admire d’ingénieux décors, dus à des maîtres, et qu’a dépeints La Renaissance de l’Art Fran-çais. (r) Mais voici qu’une parfumerie, le Pavillon d’An-tin, et qu’une épicerie de la rue Jean-Goujon croient user du meilleur moyen d’accroître leur clientèle en lui fai-sant la politesse d’être belles. La parfumerie s’est fait peindre par MM. Dorival et Fabiano. La seconde, qui dut s’accommoder d’une construction déjà réalisée, doit sa décoration à M. Cappiello. Comment ces artistes ont-ils traité le programme qui leur était tracé ? Et quel était ce programme ? Des né-gociants avisés avaient considéré qu’une boutique peut être plus et mieux que le simple lieu de transit où l’on échange une marchandises contre de l’argent. Ils ont voulu qu’elle propageât leur « marque ». Ils ont fait d’elle un organe d’expansion commerciale. Attiré par la cu-riosité, le client doit y être retenu par un légitime plaisir. Il faut que l’attente lui soit facilitée et rendue agréable, et qu’il fréquente plus volontiers la boutique amusante que l’éventaire muet où rien ne le divertira. De la parfumerie qu’avait aménagée l’ingénieur archi-(n) La Renaissance de rArt Français, aoCt 1920. FIND ART. DOC