LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 471 de ne pas trouver une série plus complète de ces verres si curieux taillés en manière de camée, et dont nous nous souvenons avoir vu un superbe ensemble il y a quelques années, au Musée Cernuschi (collection prêtée par le comte de Sémallé). On peut rappeler, en passant, avec quel soin Gallé étudiait les verreries chinoises, et, à l’occasion, s’en inspirait. Les tapis chinois ont gagné rapidement la faveur du public, et c’est un département assez nouveau dans le domaine de la curiosité ; leur coloris est doux, leur trame un peu lâche, le poil long. Nous reproduisons un frag-étendue à d’autres matières que le bronze. On a voulu, grâce à une présentation originale, offrir aux visiteurs un raccourci saisissant des débuts et de l’aboutissement de l’art d’Extrême-Orient : l’origine est chinoise, l’ap-port est hindou, le point d’arrivée (après bifurcation), japonais. Voici le principe, sur lequel, bien entendu, se greffent mille lacis et incidences. Pour rendre cette évolution sensible, on a exposé dans une vitrine, par exemple, deux vases à eau en forme de chouette (r) : le premier, en terre cuite, extrêmement stylisé, appar-tient à l’époque Han le second est en bronze japonais DEUX CHIENS. TERRE CUITE. — ÉPOQUE HAN ‘,CHINE). ACQUIS PAR LA VILLE. DL PARIS. ment particulièrement intéressant de ces beaux tissus. Pour terminer, parlons enfin des bronzes, — ces bronzes qui firent la célébrité de Cernuschi à son début. Ils ont bien diminué en nombre, ce qui donne du prix et du relief à ceux qui restent ! Les premiers jouissent d’un recueillement mérité… dans la paix sans gloire des réserves. Les seconds sont des pièces vraiment signifi-catives et utiles pour l’histoire de ce chapitre de l’art chinois et de l’art japonais. Ce n’est pas le lieu de s’éten-dre ici sur cette histoire, qui est connue dans ses lignes générales et à propos de laquelle nous ne savons aucune découverte scientifique récente. Mais nous signalerons, outre leur nombre diminué, leur présentation nouvelle ; et à cette occasion il convient de marquer l’idée directrice qui a inspiré M. d’Ardenne de Tizac, aidé de son distin-gué collaborateur M. Pierre Despatys, — idée d’ailleurs BRONZE FROTTÉ D’OR. — SIÈCLE (JAPON). RONDS CERNUSCHI. du xvute siècle, où la forme de l’animal, dégrossie, se dégage. De même pour deux chiens (2) : voici une terre cuite chinoise de l’époque Han, où le schéma chiot est réduit aux traits essentiels ; et voilà, tout à côté, un chien en bronze frotté d’or dû à un artiste japonais du xvite siècle : aucun détail n’est négligé, même les plus réalistes. Excellent voisinage. On pourrait multiplier les exemples de cet ordre. Ces rapprochements, fort ingénieux, rappellent une fois de plus que nos musées ne sont pas seulement une réunion d’objets précieux ou singuliers, mais qu’une présentation intelligente double cette valeur et frappe l’esprit du public au bon endroit. (t) Voir la reproduction. (2) Voir la reproduction. CAMILLE GRONKOWSKI.