470 LA RENAISSANCE DE L’ART FRAxçms ET DES INDUSTRIES DE LUXE La difficulté ne fut pas mince quand il s’est agi de dater ces frêles danseuses et leurs compagnons si brave-ment campés — poings serrés, bonnets pointus, fière allure — ainsi que leurs chevaux trapus dressés fièrement sur leurs jarrets (ces derniers marquant une évidente influence mongole). L’hypothèse la plus vraisemblable, c’est qu’ils remontent à la dynastie T’ang, c’est-à-dire du vue au xc siècle après J.-C. On les retrouve, en effet, dans les tombeaux, à côté de poteries que l’état actuel de la science permet d’attribuer avec certitude à cette époque. De plus, ils sont revêtus de la légère glaçure à trois couleurs particulière aux céramiques T’ang. M. d’Ardenne de Tizac fait re-monter à la même période le grand cortège dû à la générosité du comte Desma-zières. Tous ces personnages sont très expressifs, bien à leur fonc-tion : il s’agit de porteurs de pa-lanquins, qui écartent la foule, parlementent, prodiguent les avertissements et les remon-trances ; l’ab-sence de la foule et des palanquins ne diminue point à nos yeux la vivacité de cette scène de la rue, elle rehausse au contraire le don réaliste de ces artistes dont l’oeuvre, arrivée fragmentaire, garde intactes sa saveur et sa signification. Le Musée Cernuschi nous montre quelques poteries plus anciennes, remontant à l’époque Han : de petites mai-sons, des animaux, des porcheries, des serviteurs, toutes choses dont le défunt eut besoin pendant sa vie péris-sable, et qui doivent lui être utiles au cours d’une exis-tence future. Ce sont, en général, des terres cuites peintes, ou bien recouvertes d’une glaçure que le séjour dans la terre a finement irisée. Ces ustensiles, ces humbles objets, quels témoins intéressants et inattendus de l’existence intime des Chinois durant les deux siècles qui ont précédé l’ère chrétienne, et les deux siècles qui l’ont suivie ! Quelques objets en bronze les accompagnent, — pièces de vaisselle, trépieds, petits animaux domestiques. L’art de la dynastie Wei’ (ve, vie siècles après J.-C.) est peu représenté, et, d’ailleurs, avec quelque incerti-tude, cette époque étant encore mal connue, quant aux poteries du moins, car nous sommes plus avancés dans le département de la sculpture sur pierre. Il faut citer la curieuse chimère assise, contemplative et narquoise (don de M. T’sang) qui rappelle de si près les gargouilles de nos cathédrales. Une autre suite en terre cuite émaillée, due également à M. Desmazières, figure certainement un cortège nup-tial ; on s’intéressera à la variété des attitudes et à leur élégance, au profond réalisme de cet art, qui est bien postérieur (on l’attribue à l’épo-CL. Fi DEUX VASES A EAU EN l’ORNE DE CHOUETTE. TERRE CUITE. — ÉPOU1,1 HAN (CHINE). BRONZE. — XVIIle SlikCLE (JAPON). que Ming, c’est-à-dire entre le xve et le xvile siècle). La Salle boud-dhique est cons-tituée en partie par des dons lais-sés au musée à la suite de l’Ex-position boud-dhique qui y fut organisée en 1913 ; il faut sur-tout remercier Mlle Tarn qui a offert des pago-des, des l3oud-dahs en bois la-qué ou doré, et une grande sta-tue de Amitayus, à l’énigmatique sourire, au doigt mystérieusement levé. On sait que le Bouddhisme fut introduit officiellement en Chine en l’an 67 après J.-C. : l’empereur Ming-Ti vit en rêve une forme dorée qui s’avançait, auréolée de soleil, vers son palais, — c’était Bouddha… I.e monarque envoya aussitôt aux Indes une ambassade qui apporta à Lo-yang, la capitale, les livres saints où reposait la doctrine fameuse. L’Art chinois postérieur à cette date découle de :cet enseigne-ment et poursuit cet idéal. Les spécimens du Musée Cernuschi sont incomplets, évidemment, mais ‘intéres-sants. Les verreries chinoises forment un agréable ensemble qui attirera, par son pittoresque, les suffrages des colo-ristes. Celles qui sont exposées ici (don de M. Desma-zières) sont monochromes et d’époque Kien-long, sans doute exécutées dans l’atelier réputé de Hou. Regret FIND ART, DOC