460 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE des Finances) et les deux extrémités du Pavillon Sully. Un thème lui semble-t-il trop classique, il le rajeunit, sans se soucier de la tradition ; témoins ces deux curieux .Sphinx, datés de 1870, que l’on voit à Fon-tainebleau, et sur lesquels un homme et une femme nus, étalent leurs formes opu-lentes. Il éprouve toujours une grande répugnance à traiter les sujets mytholo-giques. Une seule fois, au Salon de 1863, il expose une Hécube, dont Lamartine a dit que c’était « de l’Eschyle en bronze », puis une Parque et un Meurtre d’ Ibycus. Dans toute l’histoire romaine, un seul personnage, à part Vir-gile, l’intéresse : l’mpereur Vitellius, parce que c’est un double monstre, au moral et au physique, et qu’il peut pétrir ce visage bestial et boursouflé avec toute la fougue dont il dispose. Ce qui le tente, ce qui le passionne, ce sont les grandes figures de l’histoire de France, depuis le Moyen Age jusqu’à l’époque con-temporaine, où il sent tres-saillir le coeur de la nation. Il imagine une série de monuments gigantesques dans le genre de son Charle-magne. Un certain nombre d’entre eux sont restés à l’état de projets ou de simples visions. Dans son Salon de 1865, à propos de la statue de Vercingétorix exécutée pour Alise-Sainte-Reine par Aimé Millet, William Bürger rapporte l’anecdote suivante : « L’autre jour, nous étions plusieurs artistes à causer devant cette oeuvre creuse, quand arrive Préault » et aussitôt ce dernier prend la parole : s Si l’empereur m’avait donné à faire ce Ver-cingétorix, je lui aurais dit : Sire, je pars pour l’Au-vergne. Vous me concédez un pic de montagne. Je vais choisir ce puy volCanique, dominant le coeur de la France, pour le transfigurer en Acropole de la civilisa-tion gauloise. Je ferai circuler de la base jusqu’au sommet une voie en spirale assez large pour laisser ROUVIERE /1—•«7771– — – /fer ToMBEAU DE ROUVIÈRE. Ali CIMETIÈRE MONTMARTRE. CL. XLN. passage à une armée ou à des flots de peuple. De dis-tance en distance seront espacées comme des senti-nelles du sanctuaire, des statues de guerriers gaulois : zo mètres de haut. Sur le faîte de la montagne, un piédestal composé avec les armures, ustensiles et objets symboliques de la vie de nos aïeux, flanqué de quatre statues allégoriques, le Druide, le Brenn, le Barde et Velléda, autrement : l’Inspiration, la Force, la Poésie, la Philosophie : ro mètres de haut. Et sur le piédestal, la statue éques-tre de Vercingétorix, figure de zo mètres sur un cheval en proportion ; Vercingéto-rix, les bras étendus, criant l’appel aux armes. Tout en airain, bronze, fer, granit, en matière sombre et qui se rouille, image du passé… ! » Et Bürger ajoute : « Il allait toujours et les statues de Io mètres ne lui coûtaient rien. Toujours est-il qu’à présent, Vercingétorix est fait — par Préault, et peu importe le fantôme sonore de M. Millet. » Déjà, dans l’ordre colossal, on lui devait cet « étourdis-sant projet » de couronner l’Arc de l’Étoile par un aigle immense de 8o pieds d’envergure, idée dont se serait inspiré Victor Ilego, si nous en croyons Clément de Ris, dans son Ode d l’Arc de Triomphe, Fait pour servir de base à quelque aigle sublime, Qui viendra s’y poser et qui sera d’airain ! Tous ces projets de monuments à élever à nos gloires nationales n’étaient pas aussi grandioses et irréalisables que les précédents. Ainsi, la statue de Jeanne d’Arc, dans l’esquisse de la collection Jules Troubat, était simple-ment placée au sommet d’une colonne. Et cette concep-tion générale se retrouve dans le projet de Monument à Lamartine, dont M. Benjamin Fillon possédait un croquis à la plume daté de 1874 et qui se composait d’une co FIND ART DOC