456 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE Préault, en 1835, et, notam-ment, une On-dine, inspirée du poème d’Au-guste Barbier. Mais, cette fois, la critique s’é-meut. Alexan-dre Decamps. qui rend compte du Salon dans l’Artiste, élève une vigoureuse protestation contre la « par-tialité si brutale et si inflexible *dont témoigne le jury : « Mais que doit faire M. Préault ? Condamné par l’Académie, sans recours, sans appel, il ne lui reste plus qu’à fermer son atelier, briser la jolie figure re-présentant une Ondine et sa belle et dramatique personnification du Désespoir, choi-sir un régiment et apprendre la charge en douze temps… M. Préault n’estime peut-être pas beaucoup les travaux dg Messieurs les Académiciens, mais ceux-ci le lui ont bien rendu… En effet, les persécutions continutent. Sa statue de Charlemagne est refusée au Salon de 1836. C’était un colosse de 25 à 30 pieds de haut, tenant le globe du monde, « une espèce de montagne de plâtre », au témoignage de Clément de Ris, que Préault avait conçu dans l’espoir orgueilleux de détrôner définitivement les Grecs et les Romains. Furieux de voir son oeuvre incomprise, il la brise. Au Salon de 1837, il ne peut faire admettre qu’un médaillon représentant une Téte de vieillard, d’ail-leurs exécutée « avec une verve extrême n, dit un critique contemporain, qui ajoute : « Il n’est pas d’artiste qui ait été maltraité avec autant d’acharnement par l’Ins-titut… La Presse a été unanime, depuis cinq ou six ans, pour venger M. Préault des injustes brutalités du Jury ; nous espérons qu’il sortira vainqueur de cette lutte… » Il n’était pas au bout de son calvaire. Pendant douze I.L› l’A 1:1Ati. • EXTRAIT DE • L’ARTISTE CL. RFS ans, jusqu’en 1849, les portes du Salon de-meureront sys-té mati q uement fermées pour lui. A cette bles-sure d’amour-propre s’ajoute la menace d’être privé de travail. Il écrit, le 18 mars 1836, à David d’An-gers : « Les tra-vaux que j’avais viennent de m’être retirés par suite du jugement du Jury de cette année. Je n’ai envie ni de me ,uicider, ni d’al-ler à Sainte-Pélagie. Je vous prie de me dire si vous pouvez me faire tra-vailler. » Le fier Préault est de ceux qui ne s’in-clinent pas devant la force. Il a une âme de martyr. Il accepte la souffrance comme la rançon de la vérité suprême dont il se croit le détenteur. Il appartient à une géné-ration qui a fait de La Nuit demi sa profession de foi et pour qui le poète vient d’écrire ce vers immortel : Rien ne nous rend plus grands qu’une grande douleur. Il organise donc résolument « la résistance à l’oppres sion ». Il se répand dans le monde pour y développer ses idées, pour y recruter des partisans, pour s’y ménager des sympathies. Sa fine culture, ses accents de conviction, l’ori-ginalité de toute sa personne ont raison des plus indiffé-rents. Les écrivains et les artistes les plus en vue de l’épo-que, Victor Hugo, Michelet, Musset, Alfred de Vigny, Lamartine, Balzac, Théophile Gautier, Edgar Quinet, David d’Angers, Eugène Delacroix, Corot, Daumier, Paul Huet, Lassus, sont ses amis, l’encouragent, l’aident et le soutiennent dans la lutte passionnée qu’il a entreprise. Par-tout, au théâtre, au café, à l’atelier, dans la rue, il défend sa cause avec une verve intarissable, comme pour justifier cette pensée de Pascal : «Le silence est la plus grande persécu-tion : jamais les saints ne se sont tus. » Il passe au cribl • ‘FIND ART DOC