440 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE et son affabilité en même temps que son érudition. On recourait volontiers à lui pour (les expertises délicates et ses avis faisaient autorité. Il avait réuni chez lui, à Bruxelles, clans le charmant hôtel du quai du Bois-à-Brûler, une collection très impor-tante que nous nous souvenons avoir visitée avant la guerre, collection qui, d’ailleurs, malgré toutes les craintes qu’on avait pu avoir, n’avait pas souffert de l’occupation allemande. Il nous avait guidé à travers des salons où se grou-paient, dans un pittoresque désordre, les oeuvres d’art nombreuses, réunies par un amateur au goût très sûr et au plus fervent enthousiasme. On y voyait des tableaux de toutes les écoles, un merveil-leux pOrtrait (le Cromwell, par quelque Holbein, deux excellents portraits d’homme et de femme, par Gossart, un paysage de Memling, un admirable por-trait, par Hugo van der Goes. un trip-tyque français (qui figura à l’Exposi-tion des Primitifs français, à Paris), plu-sieurs beaux portraits hollandais des xvie et xvire siècles, d’intéressantes toiles de Ruysdaèl, de Van (le Velde, de Sny-ders, un Roeburn et quelques autres anglais, desdessins de Durer et un impor-tant et célèbre dessin, par Raphaël, étude pour une (les fresques qui décorent les Chambres du Vatican. M. Cardon possédait surtout un admi-rable lot de .Rubens, son peintre préféré. Il avait acheté le grand tableau de ce maitre qui avait fait partie de la Collec-tion Carcano et en outre un admirable portrait d’homme, une tète d’homme, esquisse très poussée, un Christ sur les nuées, un Jugement de Péris, un Triomphe de la Foi. Quant à la merveilleuse étude, par Van Dyck, pour le tableau de Saint-Martin que possède le musée de Vienne, M. Cardon l’avait offerte pendant la guerre aux États-Unis, en hommage de gratitude pour l’oeuvre bienfaisante ac-complie en Belgique par l’Amérique. M. Cardon prenait une part très active au mouvement artistique européen et ne refusait jamais de prêter quelques-uns de ses chefs-d’oeuvre aux diverses expo-sitions faites en Belgique ou ailleurs, Expo-sition des Primitifs flamands, à Bruges, Exposition du Cinquantenaire, etc. Il s’intéressait d’une manière très active et souvent très bienfaisante, aux divers musées de son pays qui ont largement bénéficié de ses dons. Puisque nous en venons à parler de Bruxelles, nous pouvons annoncer que M. Fierens-Gevaert, le distingué écrivain (l’art, père de notre correspondant pour la Belgique, le jeune poète Paul Fierens, a été récemment nommé Conservateur en Chef du Musée Royal (le Bruxelles. L’inlassable activité du nouveau conser-vateur avait fait déjà beaucoup pour le musée avant la guerre ; son intelligent et courageux dévouement avait fait plus encore pendant l’occupation allemande. Il faut donc féliciter le gouvernement belge d’un choix aussi heureux, et M. Fie-rens Gevaert