438 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET »Es Ime•sniEs DE LUNE lui a trouvé une place définitive et fort belle dans les nouveaux bâtiments édifiés en façade sur la rue Vivienne. Le public ne fréquentait guère, autrefois, ce musée et cela pour plusieurs raisons. D’abord, il n’était ouvert que deux après-midi par se-maine ; puis il fallait en connaître la petite porte d’entrée, discrète et assez peu engageante qui s’ouvrait sur la rue Richelieu ; enfin, on sait à peine qu’il contient de grands chefs-d’oeuvre. Les jours d’admission n’ont pas été modifiés, mais l’escalier et le vestibule majes-tueux qui servent de nouvelle entrée au musée s’imposeront maintenant à l’attention des visi-teurs qni seront impardonnables de ne pas faire un pèlerinage à ce lieu recueilli où tant de précieux objets se trouvent réunis. Aussitôt la grille franchie, on pénètre clans une vaste salle, à double rangée de colonnes, où est exposé le célèbre trône, dit de Dagobert. Des vitrines nombreuses, et d’ailleurs provisoires, qui seront remplacées plus tard, lorsque les crédits le permettront, par des meubles plus somptueux, groupent la collection des pierres gravées. Au centre de la galerie suivante une vitrine cen-trale renferme les objets d’art les plus précieux, camées antiques, bronzes, ivoires, bijoux, pro-digieux trésors, dignes des plus célèbres Cabinets d’Europe. Aux murs, de grandes ar-moires vitrées montrent d’admirables vases, bronzes, céramiques, ivoires antiques byzantins, marbres de la Renaissance, bronzes italiens et français. On entre ensuite dans la salle qui contient les pièces de la donation de Luynes, dont le torse de femme, marbre grec d’une incompa-rable beauté, puis la série des vases grecs et mannaies antiques. Cette salle réunit encore quelques chefs-d’oeuvre de l’ébénisterie fran-çaise du xviiie siècle, le médailler du roi, signé de Cressent, la commode et les meubles d’ap-pui commandés par Louis XV pour l’ameuble-ment de son Cabinet des Médailles. On entre ensuite dans une longue galerie dont la décoration, à la fois riche et sobre, fait le plus grand honneur à feu M. Pascal, l’architecte qui l’a conçue. Les parois sont revêtues du haut en bas par des armoires d’acajou plein à filets de cuivre, qui contiennent la série de toutes nos mon-naies françaises. L’une des tables de travail est dominée par l’admirable buste en marbre de Barthelemy, par Houdon. Enfin, la dernière salle, la plus somptueuse de toutes, présente un essai de reconstitution de l’ancien Cabinet duRoi, avec ses médailles et sa table en bois sculpté portant les chiffres du roi, ses boiseries encadrant des panneaux décoratifs signés de Boucher, Natoire, Carle Van 1.00. Dans cet ensemble décoratif prodigieux, à peine peut-on découvrir une seule fausse note Et, cependant, un exalnen détaillé fait tout à coup remarquer quatre panneaux peints d’une facture visiblement récente et qui provoque-ront chez les visiteurs, suivant leur état d’esprit du moment, l’indignation ou le sourire. En effet, les murs de la nouvelle salle étant de quelques mètres trop longs pour recevoir exactement la surface des boiseries originales, il fallut remplir, aux quatre angles, des panneaux étroits par une décoration peinte moderne. Ces panneaux furent confiés à un artiste qui, paraît-il, a un titre officiel de professeur de peinture. On peut tout craindre de cet ensei-gnement… Par bonheur, pour l’auteur, son nom ne passera pas à la postérité car, soit par une louable pudeur, soit par une modestie el ‘011_07. LAURANA. — BUSTE D’ENFANT. NIUSeE D’AIX-F5•PROVI:NCE. pleine de confusion de se voir appelé à collaborer avec les grands maîtres du xviiie siècle dont le voisinage est pour lui si redou-table, l’artiste n’a pas signé. Il est encore temps de remplacer ces pau-vretés par des panneaux de boise-rie unie qui feraient beaucoup mieux notre affaire. Dans nos Musées de province. Nos musées de province sont encore bien mal connus et le plaisir de la décou-verte n’est pas le moindre attrait que leur visite nous réserve. La preuve en est .donnée, une fois de plus, par l’histoire suivante : il. Adolphe Venturi, un des premiers savants et écrivains d’art en I talle. me FIND ART, DOC