LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE roue. S’adressant à un milieu particuliè-rement cultivé, très souvent sensible aux choses d’art et toujours curieux de nou-veauté, M. Montag, preuves en main, fit comprendre que la pein-ture fran-çaise n’était pas telle que ses détrac-teurs vou-laient la re-présenter. Le temps des monotones formules académiques et de l’élé-gance conve-nue était passé. Libre d’entraves. elle s’était largement épanouie dans des ta-lents origi-naux, s’ef-forçant (le fixer sur la toile la réa-lité de la na-ture et de la lumière, par-fois avec cette rudesse qui n’est pas pour déplaire à un vigou-peintres y fut représentée. En octobre 1917 eut lieu l’inau-guration d’une manifestation qui fera date dans les annales 433 mière, tant de fantaisie et de talents personnels. Ce nouveau et brillant succès fit le plus grand hon-neur à M. Montag qui en avait été le principal organisateur et dont il assit l’autorité. Du même coup, le collectionneur de tableaux avait été créé en Suisse. Car celui-ci, — le grand collectionneur du moins, — ne date réellement que de cette fameuse exposition : trois ans seulement, mais que de toiles rassemblées en si peu de temps! Le goût pour notre peinture devint un engouement : désormais l’impressionnisme français fit rage à Zurich et aux alentours. M. Montag et son entourage triomphaient : les amateurs et le public avaient pleinement sanc-tionné leur choix. Profitant de la vogue dont ils avaient été les inspirateurs, moins d’un an après (juillet 1918), à l’aide de leurs propres moyens, ils organisèrent une nouvelle mais plus modeste exposition dans les locaux d’une an-cienne maison de corporation, dite de la Meise — la Mésange. Là, dans un charmant cadre ar-chaïque, un hôtel du xville siècle, aux belles grilles de fer forgé qui s’ouvrent au bord de l’eau sur une petite place proprette de province paisible, furent accrochées 150 toiles de nos meilleurs maîtres. On y vit les plus beaux Cézanne à côté de Daumier, Corot, Manet, Renoir qui ne le leur cédaient en rien. Malgré les dimensions du local. l’affluence des visiteurs ne fut pas moindre qu’elle ne l’avait été, l’année précédente, au Musée. Et, alors que le public y venait encore, s’ouvrait, au mois de juillet, à ce même Musée, l’exposition Rodin qui venait de triompher•pendant un mois à Bide. Ce fut le plein épanouissement du prestige artistique de notre pays. La Suisse alémanique était conquise ; elle rendait hommage au talent français. reux peuple de monta-gnards. Le terrain était donc déjà pré-paré quand, en juillet 1915, s’ouvrit à Zurich l’exposition des pein-tres de l’École de Barbizon. Ce fut un succès. Le public suisse apprécia aussitôt le charme de ces artistes qui, à la légèreté du dessin, savaient allier une peinture large. Ce premier pas était des pl us encoura-geants. En effet, l’année suivante, ce fut Win-terthur qui, dans son Musée, installa une série de tableaux de nos meilleurs impres-sionnistes. Et bien-tôt, devant la vogue grandissante, à son tour, le Musée de Zurich, monument consacré à la gloire d’Hodler, prit l’ini-tiative d’offrir ses spacieuses salles pour y organiser une expo-sition d’art français moderne. Celle-ci fut conçue d’une façon très large : depuis Ingres jusqu’aux In-dépendants . — qui bénéficièrent d’une place importante — la majorité de nos MUSÉE DE ZURICH. En haut : VUE EXTÉRIEURE, CÔTÉ DE LA RAMISTRASSE En bas : HALL SUPÉRIEUR, de Zurich et dont le souvenir est resté très vivace. Ce fut, en effet, un éblouissement. Ja. niais on n’avait vu tant de hi-Depuis cette époque héroïque, d’autres pe-tites expositions ont eu lieu : Daubigny, Troyon. Harpignies et, parmi les jeunes, d’Es-pagnat, notamment, en ont fait l’objet. De bonnes — sauvent d’excellentes — toiles de nos meilleurs maî-tres se trouvent dans les galeries des mar-chands de tableaux (le Zurich. Mais aucune grande manifestation artistique n’a plus été organisée depuis. Pourquoi, cependant, s’arrêter en si bonne voie ? Sans doute les vrais amateurs font-ils, à Paris, de fré-quents séjours au cours desquels ils se tiennent au courant de notre production. Mais pourquoi priver du même plaisir nom-bre de ceux qui ont témoigné pour notre art d’un penchant si vif et presque spon-tané ? Il est à espérer que cette lacune sera comblée au cours de cette année et que, désireux aussi de reconnattre la large hospitalité offerte par la Suisse à nos peintres, Paris, à son tour, tiendra à y accueillir une exposition d’artistes suisses. FIND ART DOC