430 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE pieuse harmonie du tableau principal. Rien de pareil n’est à déplorer pour les volets et revers de l’Agneau. En inaugurant à Bruxelles l’exposi-tion des polyptyques, M. Jules Destrée, ministre des Sciences et des Arts, a tenu à affirmer la légitimité des titres de pro-priété de l’Allemagne sur les oeuvres rendues. Le traité de Versailles reconnait à cette restitution le caractère d’une compensation. C’est justice Avant toute autre ville, Louvain méritait un dédom-magement. dlb Exposition d’  » OEuvres choisies des Maitres Belges (1830-1914) au Musée d’Anvers. Nos artistes du xix, siècle ne jouissent pas encore d’une rent mm:Ie mondiale. Peu cotées sur le marché, leurs œuvres ne sont guère collectionnées que par des amateurs belges et nous avons souvent constaté l’ignorance que le public étran-ger, notamment le public français, avoue à leur égard. Pour que leur art connut un rayonnement plus large, un Alfred Stevens, un Félicien Rops, tout comme un Maeterlinck, un Verhaeren, un Roden-bach, durent se fixer à Paris, et la gloire universelle de Constantin Meunier date d’une exposition qu’il organisa chez I3ing. D’autres artistes, fidèles à leur pays natal, mériteraient aussi de sortir de la pénombre : on verrait que leur place s’indique naturellement à la suite. des grands Flamands d’autrefois et sur le rang des contemporains de France ou de Hollande. Les nôtres ont pâti de l’indif-férence des marchands. Cette situation, évidemment regrettable, nous vaut par contre, d’avoir conservé dans nos gale-ries publiques et privées la presque tota-lité d’une production abondante et di-verse. Les organisateurs de la rétrospec-tive anversoise (12 juin – 26 septembre) ont voulu donner aux étrangers, attirés dans la métropole par les Jeux Olym-piques, la commImoration de l’imprimeur humaniste Christophe Plantin ou d’autres festivités locales, une haute idée de l’art qui a fleuri dans la Belgique indépen-dante. Si le Coinité ne put résister à la tentation de faire la part un peu trop belle aux artistes de sa province, du moins réussit-il à composer des ensembles où la personnalité de cinq ou six peintres s’affirmait avec éclat. La salle Henri De Braekeleer fut un émerveillement : la conscience d’un maitre que Van Gogh admira et en qui les intimistes hollandais du xviv siècle eussent pu reconnaître un frère, réalise le prodige de transfigurer les spectacles les plus quelconques par le seul sortilège d’une lumière triom-phante. Henri De Braekeleer recueille toute une tradition et pressent l’impres-sionnisme. Avec lui, son oncle, Henri Leys, peintre d’histoire dont la manie archaïsante n’étouffe point l’inspiration et Jan Stobbaerts, animalier truculent et superbe, portent à son apogée la splen-deur de l’école anversoise. Gardons-nous du chauvinisme qui aveugle certains de nos critiques et convenons que les peintres français furent pour les nôtres des initiateurs. En revendiquant pour les Belges ce qui leur est dû, évitons les exagérations qui compromettent les meilleures causes. Tous les grands mouvements artistiques du :axe siècle ont leur répercussion chez nous, mais déterminent des réactions originales. Navez est l’un des meilleurs disciples de David ; nos romantiques Wappers, De Keyser et Gallait subissent l’influence d’un Delaroche en même temps que la hantise rubénienne qui affole un Wiertz. Plus tard, c’est le naturalisme de Courbet qui forme un Louis Dubois, tandis que Charles Degroux et Constantin Meunier découvrent la beauté du pauvre et de l’ouvrier comme Millet celle du rustre. Les paysagistes de Fontaine-bleau sont les éducateurs des nôtres parmi lesquels il faut citer au premier rang Fourmois, Lamorinière, Hippolyte Bou-lenger, Baron. 1)e Greef, Vogels, en atten-dant que l’impressionnisme nous s’aille les Claus et les Heymans. Les marines d’Artan ont la transparence argentée de certains Corot. Insistons cependant sur l’originalité de notre école qui, riche en tempéraments vigoureux, sait assimiler ce qu’elle absorbe pour en fortifier sa substance. Alfred Stevens touche à la perfection dans un genre déjà désuet, et quelques mor-ceaux s’imposeront toujours par leur merveilleuse technique. Joseph Stevens est plus près de la vie parmi les animaux que son frère dans les boudoirs parisiens. I ES DIERIC BOUTS AU MUSÉE DE BRUXELLES. f1,1. mincir oniè,