COURRIER DE BELGIQUE Exposition Van Eyck-Bouts, au Musée de Bru-xelles. Il m’est agréable de placer cette pre-mière chronique sous l’invocation des frères Van Eyck. Durant six semaines, l’Agneau mystique a rayonné au Musée de Bruxelles de tout son éclat primitif. Comme aux beaux jours de £432, la foule est venue, bourdonnante, se presser autour du grand parterre ensoleillé. Et chaque abeille a butiné à loisir, selon sa fantaisie. Car nul ne demeure insen-sible à un art aussi complet ;l’un se pé-nètre de sentiments religieux et l’autié s’abandonne au charme des couleurs brillantes ; l’un médite et l’autre s’émeut ; celui-ci veut admirer l’unité de l’en-semble, la conception, et celui-là regarde eie) à la loupe les plus prestigieux détails. Tous les enthousiasmes revivent, toutes les discussions se réveillent. Ne risquons aucun commentaire et n’abordons aucun point délicat — la part de collaboration des deux frères est à nouveau l’objet de dissertations contradictoires — et renvoyons les lecteurs de la Renaissance de l’Art français à un article publié dans la revue en septembre 1919. Quand paraitront ces lignes, le rétable sera reconstitué à Saint-Bavon, de Gand, clans la chapelle du donateur Judocus Vijd. D’aucuns regretteront-ils l’excel-lent éclairage d’une salle de musée ? Non, sans doute, car des raisons péremp-toires militaient en faveur du retour du polyptyque sur l’autel où Jean Van Eyck l’avait vu inaugurer. L’atmosphère y sera plus favorable au recueillement et, de même qu’il ne faut point dégager les cathédrales des ruelles et maisonnettes colles entourent, il est bon de conserver aux oeuvres d’art le cadre qui les met en valeur. Un peu de mystère ne fait qu’intensifier l’impression. Pour les mêmes motifs, on approuvera la restitution à Saint-Pierre, de Louvain, de la Cène de Dieric Bouts, augmentée cette fois des quatre volets qui contien-nent la préfiguration symbolique de la partie centrale Rencontre d’Abraham el de Melchissédech, Récolte de la Manne (provenant rie la Pinacothèque de Mu-nich). Élie au Désert et La Phque (du Musée de Berlin). Hélas, le rapproche-ment de ces panneaux et du morceau conservé à Louvain nous fit sentir toute la barbarie de certains nettoyages ! La crudité de coloris des fragments revenus de Munich contraste avec la calme et COUPRIt, 13111J !ULM. « L’AGNEAU MYSTIQUE AU MUSÉE DE BRUXELLES.