424 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE terrains vagues que meublent un tas d’ordures, une roulotte et un carcan fla-geollant sur ses pattes. Il s’inté-resse aussi aux endroits qu’aime le populaire, poussé dans ses choix par un goût qui l’apparente à Jean Richepin. Plus tard, il évo-lua vers la des-cription de lieux et d’assemblées plus élégants, mais il doit sa plus grande no-toriété à ses pre-miers sujets. La caractéristique de son inspira-tion est qu’il ne sépare jamais l’homme de son milieu et qu’il est particulière-ment, comme il le dit lui-même, « un homme des villes «. La carac-téristique de son art, en gravure, est qu’il est un des réinventeurs de la gravure originale en couleurs, et, certainement, celui qui l’a menée d’emblée et systé-matiquement le plus loin. Il usa, à ses débuts, avec une virtuosité i►egalée, de la pointe-sèche en couleurs, par planches repérées, procédé dont l’invention lui revient tout entière. M. Raffelli est enfin un artiste essentiel-lement original, dont la place est d’ores et déjà mar-quée dans l’histoire de l’art de ces trente dernières années. Ses principales pointes-sèches en couleurs sur Paris et sa banlieue sont : A Gennevilliers, La Prome-nade du dimanche, La Place de la Madeleine, Paysage (le banlieue, Notre Dame de Paris, Les Invalides, La Roule de la Révolte, La Place de la Trinité, Le Terrain vague, Le Laveur de chiens, La Seine à Asnièrcs, Sur le banc, Le Déménagement, Lc Boulevard des Filles-du-Calvaire. De nombreuses et typiques peintures complètent cette énumération. Lepère fut un lyrique et il eut l’abondance, la plé-nitude, la variété des lyriques. Il dessinait, peignait et gravait avec au-tant de sûreté q ue Lamartine ou Victor Hugo fai-saient des vers, et, comme ce dernier, il possé-dait à fond son métier. Français, mieux encore Parisien, il nous paraît tel avec la même éviden-ce que Reynolds nous paraît an-glais, Steen hol-landais, ou Dürer allemand. Ses eaux-fortes et ses bois, ses dessins aussi, sont pleins (le verve, de pittoresque et (le science. Ils sont fermes et braves, si j’ose dire, en même temps que bons enfants, spirituels et joyeux, gavro-ches à l’occa-sion, à la ma-nière de l’ouvrier des faubourgs, par un de ces « beaux dimanches », que lui-même illustra. Leur pittoresque ne con-tredit pas la réalité, ainsi qu’il arrive à Gustave Doré. Le Paris de Lepère est un véritable Paris, comme celui de Méryon, de Lépine, de Raffaelli ou de Béjot, et il possède une saveur qui lui donne un charme tout-puissant. La maîtrise de Lepère fut reconnue de tous et la preuve en est dans les très hauts prix que l’on paie ses oeuvres. Deux ans avant la guerre, un de ses bois, Paris sous la Neige, atteignait en vente publique 4400 francs! Jamais un bois n’avait encore atteint cette vertigineuse hauteur. Quelques titres de pièces donneront unL, idée de la variété de l’ceuvre : Pointe de l’Ile Saint-Louis, Le Quai de l’Hôtel-de-Ville, Le Marché aux pommes, Carrières d’Amérique, Marchandes de pois-sons, Rue Pirouette, Le Mât de cocagne, Rue Galande, La démolition de la maison de Sabra (Sabra, au coin du quai et du Palais de Justice, était le dentiste des bon-nes et des cochers : il arrachait les dents pour vingt sous !), Sur les Toits, Près de Notre-Dame, Cil C. JOUA, I.A FLOTTILLE DE LA SEINE, VUE DU PONT ALEXANDRE III. — NOVEMERE 194. (comma) sAcor, Élut} FIND ART, DOC