FIND ART DOC, il faut distinguer dans ces stalles deux séries, d’é-poques très es-pacées. Les plus anciennes chai-res, au nombre de vingt-six, présentent les caractères du xvi siècle dans leur architec-ture comme dans la décora-tion si ingé-nieuse de leurs miséricordes où se trouvent sculptées des images de cor-porations : un écrivain à son pupitre, un ar-chitecte mesu-rant des pierres en présence de son appareil-leur, un boulan-ger mettant le pain au four,un tonnelier au milieu de ses tonneaux, des vendangeurs dans une cuve, un cordonnier, un batelier dans sa barque, plus quelques sujets singu-liers qui se seraient trouvés déplacés dans un couvent de femmes, quelque libre que fût sa règle. La seconde série que le caractère du décor permet de dater de la fin du xvIre siècle ou du commencement du xvIrte, appartient sans conteste, depuis son origine, à l’église Saint-Gervais. En effet, on voit sculptés sur ses miséricordes les chiffres des SS. Gervais et Protais enlacés de palmes et de couronnes rappelant le martyre des deux saints patrons, et aussi l’Orme sortant d’un puits, arme parlante de la paroisse. On sait, en effet, qu’un orme était placé autrefois devant le portail de l’église Saint-Gervais. Les juges rendaient la justice sous cet arbre et on y payait les rentes. Maintes enseignes anciennes rappelaient cet orme déjà men-tionné au mie siècle par le rimeur Guillot et qui, con-damné par la Commune de Paris, le te’ ventôse de l’an II, comme symbole d’un régime aboli, ne fut abattu qu’en 1811. Ces stalles, surtout celles du xvie siècle, ont une réelle valeur d’art. Après les miséricordes d’une inlassable fantaisie, il faut en admirer les séparations décorées de têtes d’animaux et de figures grimaçantes, les extrémités ornées de panneaux sculptés en bas-LA REN: ISSANCE DE L’ART FR f;AIS ET DES Ispi.,TrerEs DE LUXE TOMISEAU DE MICHE!. LE TELLIER. RF.NATASANCE. 413 reliefs. En face, sur le maitre-autel, les chan-deliers et la croix, en bronze doré, sont du xvirre siècle et proviennent de l’ancienne ab-baye de Sainte-Geneviève. A l’extrémité occidentale de la nef, au-des-sus des portes d’entrée et sou-tenu par un arc en anse de pa-nier dont les sommiers s’ap-puient sur deux colonnes d’ordre corinthien, se trouve l’orgue dont les deux buffets — le grand et le petit — sont riche-ment décorés Mais ce décor serait peu, si cet instrument n’était pas réputé pour l’excellence de ses jeux. M. André Hallays nous apprend que « la fabrique en fit la commande, en 1760, au célèbre facteur François-Henri Clicquot. L’orgue fut achevé en 1769. Il a cinq claviers, trente-huit jeux, six soufflets Le dernier des Couperin (on sait que cette dynastie d’organistes tint pendant un siècle et demi l’orgue de Saint-Gervais) joua sur cet instrument ». Il faut maintenant aller derrière le clurrir afin de visi-ter la chapelle de la Vierge construite durant les toutes premières années du xvre siècle, c’est-à-dire à l’extrême fin du gothique flamboyant. C’est l’époque des acro-baties architecturales que révèlent ici les combinaisons singulières des nervures de la voûte, les clés tombantes et surtout la couronne toute évidée à jour qui semble, a très bien dit M. de Guilhermy, « descendre de la voûte comme un splendide emblème de celle que la Vierge a reçue du ciel ». Elle n’a pas moins de six pieds de dia-mètre, et trois pieds six pouces de saillie. OEuvre des frères Jacquet, habiles gens fort réputés en leur temps, elle est datée de 1517. Cette chapelle conserve encore quelques parties de ses anciens vitraux, malheureuse-