412 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE Ecce Homo de Germain Pilon, Christ sculpté par Sar-razin, tombeaux des trois chanceliers de France Michel Le Tellier, Louis Boucherot, Charles Voysin, de l’érudit Charles du Cange, des poètes Scarron C Crébillon, du peintre Philippe de Champaigne, etc. Un jubé, des stalles, des ‘ferronneries de, toute beauté. Et dans ce décor rendu un peu sourd par la richesse même des vitraux, mais soudainement éclairé par la lumière du dehors entrant par les portes grandes ouvertes, imaginez une cérémonie de mariage, de grand mariage consacré par M. de Gondi, coadjuteur de l’archevi.què. Car il ne s’agit de rien moins, en ce radieux 4 août 1644, que de l’union de Marie de Rabutin-Chan-tal, la future épistolière, avec le marquis de Sé-vigné. Vingt-deux an• nées après, autre céré-monie encore plus pom-peuse quoique de deuil, celle-là. Le 29 janvier 1686, c’est le chancelier Michel Le Tellier dont on célèbre les funérailles et la grande voix de Bossuet qui prononce l’oraison funèbre. La paroisse était riche. Non seulement à cause des personnes de qualité du voisinage, mais aussi parce que les gens de métier dont cer-tains avaient ici le siège de leur confrérie (1) l’entouraient de leur sollicitude. Cet excès de prospérité devait lui être funeste. Les an-ciennes descriptions déploraient que cette église fût obscure et « très malpropre », à cause des vitraux qui obstruaient l’entrée de la lumière et t’ du peu de soin qu’on a de tenir les dedans propres et de les blan-chir comme on pratique tous les ans en Italie et dans les Flandres s. Aussi, en 1736, décidait-on de la regratter et de remplacer par du verre blanc la presque totalité de ses belles verrières. Vint la Révolution qui n’eut que peu à faire pour parachever un vandalisme si bien com-mencé. Les principales oeuvres d’art allèrent au Louvre et au Musée des Monuments français. Puis l’église ainsi dépouillée devint le lieu de réunion des Théophilan-thropes qui la transformèrent en Temple de la Jeunesse. Mil-huit-cent-deux la rendit au culte. Si toutes les oeuvres qui avaient été enlevées ne revinrent pas, au moins furent-elles remplacées alors et, par la suite, par d’autres morceaux de réelle valeur. C’est ainsi que dans le tympan du fronton du banc d’ceuvre, fut placé Le Père éternel entouré d’anges, couronnement d’une As-cension, peinture céli-bre du Pérugin, con-servée au Musée de Lyon. La Passion du Christ, peinture sur bois divisée en neuf com-partiments et portant le monogramme d’Al-degrever, alla décorer le transept septentrio-nal, après avoir figuré au Musée du Louvre qui la tenait par me-sure révolutionnaire de l’ancienne église du Saint-Sépulcre à la-quelle elle avait été don-née en 1575. Un tableau de Sébastien Ricci, Saint Grégoire le Grand et Saint Vital intercé-dant auprès de la Vierge en laveur des cimes du Purgatoire, sortait éga-lement du Louvre en 1808, pour venir déco-rer, à Saint-Gervais, la chapelle de Sainte-Phi-lomène. Saint-Gervais devait s’enrichir en-core d’une Décollation de Saint Jean, attribuée au Tintoret (chapelle Saint-Louis) et d’un Martyre de Sainte Pétronille, très bonne copie ancienne d’une toile célèbre du Guerchin, aujourd’hui au Musée du Capitole Les stalles de Saint-Gervais comptent parmi les plus belles qui soient conservées dans les églises de Paris. Il est généralement admis qu’elles proviennent de l’abbaye de Port-Royal-des-Champs à laquelle elles au-raient été offertes, en 1556, par le roi Henri II. M. l’abbé Gauthier, curé de la paroisse, et des érudits notoires se sont élevés contre cette légende. Ils démontrent avec raison que les motifs qui entrent dans leur décoratio ont un étroit rapport avec l’église elle-même. Tout LES ORGLt. (r) Ainsi les couturières, les tourneurs en bois et faiseurs cle cages d’oi-seaux, les jurés vendeurs de vin en gros sur l’eau, les tanneurs. Il y avait de plus un certain nombre de confréries de dévotion parmi lesquelles celle de Saint•Eutrope et de Saint-Quartier, pour le soulagement ldes malades attaqués d’hydropisie. CL. NALASSt. FIND ART DOC