410 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDÇSTRIES DE LUXE gralement à l’exercice du culte le noble et antique vais-seau de l’église consacrée aux saints martyrs Gervais et Protais. Seulement, à l’extrémité nord-ouest de la nef, des pierres plus blanches marqueront la place de l’horrible blessure, fermée, non cicatrisée. Car il est des attentats dont l’horreur surmonte les siècles. L’église des SS. Gervais et Protais ou, simplement, Saint-Gervais selon la dédicace qui prévaut, se lie aux origines mêmes de Paris. A l’époque gallo-romaine, une butte . naturelle dénommée u le Monceau u et dont le relief s’accuse du reste en-core, S’étendait à l’entour de son emplacement et les pen-tes en allaient mourir dou-cement vers la Seine, toute voisine. Attirée par la com-modité de son atterrissag, à l’abri des inondations, la batellerie y relâchait, cons-tituait en cet endroit un entrepôt autour duquel, très vite, une population d mariniers et d’artisans s’ag-glomérait. Aussi, dès le vie siècle, signale-t-on la pré-sence d’une église consacrée aux SS. Gervais et Protais dont la légende avait été rap-portée par les évêques qui avaient assisté au Concile de Milan. Édifice précaire, mu nacé par les continuelles incursions des Normands, car il était hors de la ville, mais qui devait grandir en impor-tance avec les siècles. Le monument actuel est le troisième, au moins, depuis la fondatioa : o Celui qui existoit du temps de l’évêque saint Germain, observe le docte abbé Lebœuf, n’a pas dû passer au delà des guerres des Normans. Il aura pu être rebâti depuis ou réparé, et durer jusqu’au temps du roi Robert, ou jus-qu’au siècle suivant. L’église qui fut bâtie ensuite est celle dont la Dédicace fut faite l’an 1420 par Messire Gombaud, évêque d’Agrence in partibus. L’inscription que l’on voit à ce sujet dans l’église d’aujourd’hui, est un monument conservé de cette ancienne église, de laquelle il ne reste rien maintenant. Cette inscription reproduite ici, existe toujours. Elle est encastrée à la base du mur du clocher qui ferme la grande sacristie. Quant à l’architecture de l’église, dans sa partie la plus ancienne, le choeur, elle ne remonte pas au delà de la fin du xve siècle. La construction fut lente. En 1610-16r1, on élevait enfin les deux dernières travées occidentales de la nef et, le 24 juillet 1616, le roi Louis XIII, à la prière d’un paroissien de marque, M. de Fourcy, intendant de ses bâtiments, et des mar-guilliers de l’église, posait la première pierre du portail. Morceau d’architecture bien singulier que ce portail qui est, dans ses dispositions comme dans sa distribution, sans rapport avec le vaisseau ogival contre lequel il est appliqué. Cependant, tel quel, avec ses trois ordres superposés, le dorique, l’io-nique et le corinthien, ses colonnes cannelées, ses ni-ches, ses guirlandes, ses cor-niches à denticules, il a joui, durant près de trois siècles, d’une réputation fameuse. C’est l’Académie royale qui l’offre en modèle, c’est Sau-val qui le déclare le plus beau morceau d’architecture qu’il y ait en France et ailleurs », enfin, Voltaire qui-lui donne duo chef-d’œuvre » dans le Temple du Gmit et déplore qu’il lui manque une église. Car, pour lui, le go-thique n’existait pas. Depuis, l’opinion s’est retournée et, s’il fallait à Saint-Gervais changer quelque chose, c’est à coup sûr le portail de De Brosses qui serait sacri-fié. Mais l’indulgence respec-tueuse de ce temps pour tous les monuments du passé empêchera d’aller jusque-là, et, il sera conservé avec ses trois portes qui ont heu-reusement gardé leurs vantaux sculptés de palmes et de draperies. Car l’ensemble se lie trop à la physiono-mie de Paris pour que nul songe à en modifier le caractère. Par les oeuvres d’art qui s’y trouvaient accumulées, l’église Saint-Gervais demeura pendant deux siècles l’une des curiosités de Paris. Vitraux admirables des Jean Cousin, des Pinaigrier et autres maîtres verriers des xvie et xvile siècles, tableaux de Le Sueur, de Sébas-tien Bourdon, de Philippe de Champaigne relatant la vie et les miracles des SS. Gervais et Protais, tapisseries d’après ces mêmes oeuvres exposées aux grandes fêtes (r), LE CHŒUR. t) par suite d’une vente ordonnée par la fabrique, ces tapisseries sont aujounl’hui conservées au Musée Galliéra,. apri . des vicissitudes nombre FIND ART DOC