406 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE. exemple, sa rencontre avec le bon paysagiste Boudin, continuateur des maîtres de 1830, peintre de vérité qui déjà poussait plus loin qu’eux les recherches de lumière. Au Havre, où Claude Monet, tout jeune, portraicturait avec vigueur et talent les clients familiers de certains cafés, Boudin se rendit compte de ses dons, dont notre adolescent faisait médiocre usage. Il l’emmena avec lui vers la mer et dans la campagne; lui apprit à regarder la nature ; lui expliqua le unir si intimement sous l’appellation d’ » impression-nistes », à laquelle ils donnaient un sens péjoratif, puis encore le fameux Salon des Re/usés de 1863 et la longue bataille, sous les sarcasmes, à travers toutes les diffi-cultés et au prix de bien des souffrances. Rudes étapes dont Claude Monet, qui pourtant finit par s’imposer un peu plus vite que ses compagnons, n’était pas encore sorti lorsque, au lendemain de ses sévères séries de Belle-Isle et de la Creuse, j’eus la joie LE VIEUX PORT OF. HONFLEUR. charme et la poésie de la vérité, que Claude Monet, avec son instinct de grand artiste, sentit très vite. Il était sauvé des petits travaux habiles et prestes; il avait trouvé sa voie. Le discernement et la bienveil-lance de Boudin — le peintre si délicat des plages et de l’estuaire normands — avaient écourté de plusieurs années les piétinements de ce jeune homme à la recherche de sa véritable personnalité. Puis, assez vite, ce furent l’amitié avec Manet, la ren-contre avec Courbet, avec Corot, avec Daubigny — ce dernier plein d’intelligente sympathie pour ses jeunes continuateurs dont l’ceuvre est si près de la sienne — et avec les autres artistes que leurs détracteurs devaient de pouvoir saluer l’art de Claude Monet, dans le jour-nal littéraire La Cravache et dans Art et Critique, la vaillante revue de mon ami Jean Jullien, par quel-ques articles bien gauches qui n’avaient certes pas d’autres mérites que leur enthousiasme. J’eus alors l’honneur de connaître Claude Monet en personne. M. Gustave Geffroy, l’un de ses amis les plus chauds et mon plus vieil ami de la vie littéraire, me fit dîner avec lui. Après quoi nous allâmes tous trols à une répétition générale dans un théâtre du Boulevar FIND ART, DOC