LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE frémissants de Sisley, des danseuses de Degas en des attitudes qu’on n’a jamais osé peindre, des banlieues de J.-F. Raffaëlli, des paysages de Guillaumin, aux fraîcheurs intenses… Regardez ! Vous avez sous les yeux tous les peintres qu’on a voulu bafouer et ridiculiser sous le nom d’impressionnistes, parce qu’ils prétendent — ce qui est pourtant le devoir de tout artiste sincère —s’abandonner à leur sensibilité et à leur réflexion per-sonnelle sans souci d’aucune formule… De ce nom, par 405 Ruel — dont, à près de go ans, une croix de la Légion d’honneur tardive et réparatrice vient seulement de récompenser, ces jours-ci, les longs et méritoires services rendus à l’Art français. Depuis cet après-midi de juillet 1885, soit à la galerie Durand-Ruel — où l’on pense bien que je revins sou-vent rôder, — soit chez d’autres marchands de tableaux, soit même chez des particuliers dont, je pus bientôt visi-ter les collections, maintes fois j’eus le plaisir d’admirer LA GRENOUILLÈRE. lequel on pensait les abattre en égayant la foule à leurs dépens, ils firent avec une courageuse fierté un drapeau sous lequel, au prix de la misère, des moqueries et des insultes, ils combattront jusqu’au triomphe — qui appa-raît certain s’il n’est pas encore tout à fait proche… Les maîtres de 183o ! L’Impressionnisme ! Et, sous cette dernière qualification, nouvelle pour moi, tous noms de peintres réprouvés que j’entendais pour la première fois ! Ouelle moisson dans la même soirée ! Le hasard d’une promenade m’avait fait entrer à la galerie Durand-Ruel dont je ne connaissais même pas l’existence. Ce fut seulement plusieurs mois après, lorsque mes velléités littéraires m’eurent mis en rapports avec deux ou trois jeunes écrivains ayant passé leur enfance à Paris, que j’appris le rôle hardi et utile joué dans la bataille impressionniste par M. Paul Durand-d’autres belles toile. de ( laudc Mnnet : le Pont d’Argen-teuil dressant dans la lumière son architecture dorée au-dessus des voiles blanches et de l’acajou luisant des canots de courses; des falaises dominant de très haut la mer qui chatoie sous le soleil ; des vues si vivantes de la gare Saint-Lazare avec ses feux et son pittoresque hourvari dans la fumée des locomotives en mouvement ; la splendeur verdoyante et fleurie du Parc Monceau tout égayé par les silhouettes claires des enfants, des femmes et des nourrices avec la fête éclatante de leurs longs rubans ; Vétheuil, avec la débâcle des glaçons sur la Seine. Puis des portraits d’une couleur magnifique, et des inté-rieurs avec des personnages baignés de lumière, et des natures mortes éblouissantes de faste et de vérité. Entre temps, j’obtenais des renseignements sur la formation, la vie et le caractère (le Claude Monet : IND ART DOC