LA RENAISSANCE 814.275 fr., en trois vacations, don-nant une plus-value de 235.000 fr. sur les prix d’estimation des experts. L’en-semble des six premières ventes Beurde!ey s’élève à un total de 5,187.249 fr (juin 192o). 4.• L’Exposition internationale de Venise. Venise tenait, avant la guerre, un rôle important comme centre d’art clans la péninsule. Échappée par miracle à la destruction, elle a tenu, dès cette année, à remplir à nouveau la place qu’elle occu-pait naguère et elle a convoqué les artistes de plusieurs pays à exposer clans les charmants bâtiments élevés à cet effet dans son Jardin public. Disons de suite que cette exposition, dans son ensemble, est assez médiocre. La section italienne est nécessairement la plus fournie ; elle offre un aperçu assez complet de l’état actuel de la peinture dans ce pays depuis le traditionaliste Miola jusqu’aux plus hardis parmi les jeunes novateurs. Remarquons cepen-dant que le cubisme n’a pas encore fait de ravages dans cette École et que, d’autre part, chez les artistes vénitiens ne se peut découvrir aucune trace d’in-fluence des grands artistes qui ont, au cours des siècles, fait la gloire de la peinture vénitienne. Une salle est con-sacrée aux oeuvres de Guillaume Ciardi, un maitre probe et consciencieux dont la manière se rattache par certains côtés à notre École de Fontainebleau. Dans la section belge et hollandaise, Van Gogh, représenté par neuf tableaux, est le seul qui puisse retenir l’intérêt. Dans le groupe espagnol, 13eltram s’impose à l’attention par une trentaine de grands portraits d’études aux colorations écla-tantes qui dénotent un tempérament d’ar-tiste, mais aussi une recherche constante d’étrangeté qui aboutit à la monotonie. L’École tchéco-slovaque paraît pleine d’audaces souvent malheureuses. L’École russe est représentée par le seul Archipenko qui apporte à l’exposition la note gaie. Le public qui s’attarde par curiosité dans la salle entièrement consacrée à ce cubiste exaspéré, ma-nifeste sa surprise (levant certaines sculptures ( !) en tôle et en bois grossiè-rement découpés et son jugement se traduit par un haussement d’épaules ou un éclat de rire. Arrivons à la partie la plus triste de l’exposition : la section française. Notre École est représentée par quelques toiles de Cézanne, à peine caractéristiques du talent du peintre, par deux oeuvres d’Odi-lOn Redon, par une grande composition de Matisse — non des meilleures — et par un certain nombre d’aquarélles (le Georges Seurat, fort agréables d’ailleurs, celles-là, et qui ont obtenu un grand suc-cès de vente. Mais cet réunion a-t-elle la préten-tion de donner un aperçu (le notre École contemporaine française, si vivante et si variée ? Évidemment non, et tous les visiteurs ont déploré que le Comité chargé à Paris de faire le choix des oeuvres à exposer à Venise, n’ait pas formé un DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE ensemble plus complet, plus harmonieux, plus honorable même. Ce n’est •pas par de semblables manifestations que la pro-pagande artistique doit se faire chez nos amis italiens. .4* En Allemagne. A Munich a eu lieu l’inauguration du nouveau Musée d’art moderne, situé en face de la Glyptothèque. Il est cons-titué par d’importants prélèvements faits dans la Nouvelle Pinacothèque, auxquels s’ajoutent de nombreuses toiles de peintres allemands contemporains, Leibl, Liebermann, Stuck, Corinth, etc. Il faut noter tout particulièrement que deux grandes salles sont consacrées à l’École française on s’étonne du nombre de Manet, Monet, Renoir, Cézanne, Pis-sarro, Van • Gogh, Ganguin, Matisse et Rodin qui s’y trouvent réunis. Le principal marchand d’antiquités (le Munich, M. Bohler, a déclaré à un visi-teur qtie jusqu’au jour du coup d’État de Kapp, le commerce des bibelots avait été exceptionnellement actif. Les acheteurs étaient devenus tellement nombreux que, contrairement à l’usage qui veut que, (l’habitude, les grands antiquaires s’ali-mentent chez les petits, c’étaient au con-traire ces derniers qui se fournissaient chez leurs importants confrères, certains de la revente à une clientèle toujours plus étendue. Jusqu’à la révolution de mars, les antiquaires ne pouvaient suffire aux demandes ; depuis lors, le commerce stagne lamentablement. D’après M. Heinemann, le grand mar-chand (le tableaux munichois, il est de-venu fort malaisé à un commerçant alle-mand de faire ‘entrer de l’étranger un tableau (le grande valeur, à cause de l’énorme dépréciation du mark, mais néanmoins, M. Heinemann reste opti-miste, escomptant une reprise des affaires pour la fin de l’année. Au printemps dçrnier, des Suisses et des Hollandais ont fait en Allemagne des achats tellement importants que le Gouvernement dut réunir, à Stuttgard, il y a peu de mois, une conférence où furent convoqués les représentants des différents États confédérés et où l’on décida l’établissement d’un Répertoire qui renfermerait la liste des objets (l’art répandus dans le commerce et chez les particuliers, dont la vente serait interdite à l’étranger. Ces dispositions nouvelles reflètent, en Allemagne, vis-à-vis des objets d’art, un état d’esprit assez ana-logue à celui qui se manifeste en Italie et, depuis peu, en France. Comme parallèle à ces restrictions au commerce des antiquités, il faut signaler aussi la loi nouvelle qui frappe les oeuvres d’art modernes, Elle provoque les plus vives protestations chez les peintres et sculpteurs qui ne comprennent pas pour-quoi leurs productions sont traitées comme marchandises de luxe à l’inverse (le celles des musiciens et des littérateurs. Ils doivent, en effet, acquitter un impôt de 15 0/0 sur la vente des oeuvres dont ils sont les auteurs et qu’ils cèdent à des amateurs ou à des marchands. Une nou-velle contribution de 15 0/0 est due par eux à la caisse de l’exposition où l’oeuvre 395 a figuré et au cours de laquelle elle a été vendue. dP Notes diverses. •e• Dans le numéro précédent, nous avons signalé l’apparition d’un prétendu Léonard de Vinci qui ne serait autre que l’original de la Belle Ferronnière du Louvre, ce dernier tableau n’étant plus, dès lors, qu’une copie par Beltraffio. Le possesseur du nouveau Vinci est Mrs. Hahn, une Française qui épousa pendant la guerre un officier américain, de service en France. Mrs. Hahn est la nièce de la comtesse de Pontbriand, alliée à la fa-mille de Chateaubriand qui possédait le tableau depuis cent cinquante ans. L’authenticité du tableau est certifiée par écrit par un expert parisien, M. G. Sor-tais, et par un marchand (le Kansas City, M. Conrad Hug. Dans cette affaire, le fait nouveau c’est que M. Jean Guiffrey, conservateur du Louvre, vient de manifester publique-ment son opinion qui, tout à l’inverse de la précédente, conclut à l’authenticité (lu tableau du Louvre. Nous préférons nous ranger sous cette dernière autorité, rassurés que nous sommes par les erreurs retentissantes où sont tombés (le grands experts, jugés en Europe comme infail-libles, tels que l’Allemand Bode ou le Hollandais Bredius, qui, jusque dans la question Rembrandt, où ils s’étaient spécialisés, ont commis les plus gros-sières bévues. ••• On se rappelle que la collection de tableaux modernes réunie par M. Mon-taignac, administrateur (les Galeries Georges Petit, avait été, quelques jours avant de passer en vente publique, ache-tée en bloc par MM. Winckel et Magnus-sen, marchands de tableaux à Copenhague. Nous apprenons maintenant qu’un artiste danois, M. Olaf Olesen, qui habite New-York, est sur lç point de faire la traversée pour aller prendre livraison en Danemark de cet ensemble composé d’importantes toiles de Cézanne, Degas, Corot, Monet, Manet, Meissonier, Troyon, Thaulow, Pissarro, Rousseau, Raffaèlli, Troyon et Ziern. Il ramènera le tout à New-York où une vente publique aura lieu. Le château de Balleroy, près Bayeux. conservait une suite de tapis-series de Beauvais, d’après Boucher, dont la réputation était grande auprès des fervents du xvitte siècle. Sans cloute ces tentures étaient-elles sans bordures et laissaient-elles peut-être à désirer au point de vue de la conservation des coloris, Mais les sujets — des réunions galantes dans des parcs — étaient d’une rareté et d’une séduction telles que leur valeur n’en était guère amoindrie du fait (les critiques qu’on pouvait par ail-leurs leur adresser. La preuve en est qu’elles viennent d’être vendues pour une somme qui, dit-on, dépasse légère-ment les trois millions. Elles ne quitte-ront pas la France, car l’acquéreur, un Américain du Sud, compte les faire ser-vir à la décoration (le sa demeure pari-sienne. ,40(1( 1920. LE CURIEUX FIND ART, DOC