378 a des fins positives ; elle n’est pas abs-traite ; elle vit dans la vie : elle est disquali-fiée. C’est pré-cisément l’affiche de publicité, l’affiche commer-ciale, l’af-fiche qui prétend nous impo-ser l’achat des petits pois Z*** ou des con-servesX*** que nous voudrions célébrer. Il sied de ren-dre justice à la fois à l’audace de l’artiste qui met ouver-tement son talent au service de la vie ma-térielle, et au tact du négociant psychologue qui sent qu’une image agréable sera le meilleur agent de propagation de sa s réclame n. Il y a là un parti pris de franchise, de loyauté, infiniment plus sympathique que ne sont les moyens détournés. Nous ne voulons plus vivre dans LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE LEONETTO CAPPIELLO. – LA FEMME AUX GRELOTS. AFFICHE EXÉCUTÉE POUR LA MAISON DEVAMBEZ. I411 monde où l’action n’est pas la soeur du rêve. Nous admirons mieux le grand Daumier d’avoir, en 1862, le premier, signé l’affiche lithographique célèbre d’un marchand de charbon. Nous aimons Manet d’avoir annoncé les Chats de Champfleury par une affiche ; Toulouse-Lautrec d’avoir réalisé trente des plus belles affiches que l’on sache, celles du Divan Japonais, du Cabaret Bruant, de Jacte Avril la dan-seuse. Suivant leur exem-ple, quel-ques – uns des maîtres contem-porains se sont déli-bérément attachés à l’affiche de publicité. De M. Leo-netto Cap-piello, l’on cite quel-ques oeu-vres parti-culière-ment sai-sissantes et complètes : telle est l’affiche où l’artiste ca-ractérise la chaleur bienfai-sante et joyeuse, par une ma-nière de gé-nie du feu, gnome privé de pesanteur, aux jambes vertes et inconsistantes, aux larges pou-mons fauves qu’il comprime pour expirer une flamme. Telle est aussi l’affiche — l’une des premières que signa M. Cappiello — du mime Séverin enfariné ; ou celle d’un vin généreux traduit par une abondante cascade de lourdes grappes, parmi lesquelles sourit une figure féminine. Avec raison, M. Cappiello trouve dans l’obligation d’exprimer brièvement et clairement les vertus d’une denrée un aiguillon plus que nul autre efficace. Aimant cet art ingénieux, extérieur et qui s’adresse aux sens, il célèbre des mangeailles avec la fougue d’un Gustave Doré illustrant Gargantua. Il le fait en artiste. M. FIND ART. DOC