370 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE Raison de plus pour esquisser l’histoire de cette pé-riode triomphale du papier peint, depuis 1804, date de son premier chef-d’oeuvre, jusqu’aux expositions de 1855 et de 1867, qùi virent paraître les derniers. Deux fabricants eurent à la fois l’idée ingénieuse d’exécuter un décor complet en grands sujets s’accor-dant entre eux sans se répéter. Joseph Dufour, à Mâcon, imprima le premier paysage en grisaille, Jean Zu-ber, à Rix-heim près de Mulhou-se, le pre-mier pay-sage en couleur. Je n’ai jamais rencontré l’oeuvre de Dufour, mais j’ai vu à La Mal-maison cel-le de Zu-ber, dont M. Ch. Fol-lot avait prêté deux lés (1) et vraiment le coloria-ge de ces Vues de Suisse, oeu-vre d’A.-P. Mongin, n’était guère séduisant. J’ignore également la Bataille d’Austerlitz, que Jourdan et Villard, des imprimeurs parisiens de la rue des Fossés-Saint-Germain, présentè-rent à l’Exposition des Produits de l’Industrie en 18o6, et j’ai longtemps désespéré de rencontrer les Sauvages de la mer Pacifique, que Dufour envoya de Mâcon à la même Exposition. Mais, en 1917, j’eus la chance d’en rencontrer une série, que je crois pres-que complète, chez un antiquaire du quai Voltaire, M. de La Gandara. Je pus me convaincre que la rareté ne faisait pas seule le mérite de ces tableaux et que le dessinateur J.-C. Charvet avait un véritable senti-ment de l’effet décoratif et des nuances. Dufour publia lui-même la description de son chef-d’oeuvre en une brochure de quarante-huit pages, impri-mée à Mâcon, chez Moiroux, en l’an XIII. On croirait lire le livret explicatif d’un musée panoramique. Chacun des sujets figurés sur les vingt lés est l’objet d’une explica-tion à part, avec des détails sur les moeurs des sauva-ges, la flore océanien-ne, les voyages de découver-tes des Eu-ropéens, le tout com-plété par des réfé-rences à l’Histoire générale des voyages de M. de La Harpe. Vit-on ja-mais pareil souci de documen-tation dans l’industrie? Le but de Dufour est de don-ner une note nou-velle à la mode fantaisiste du papier peint, u si difficile à contenter qu’on a épuisé, sans pouvoir la fixer, tout le flora (sic) de l’Europe, les arabesques, les étrusques, les étoffes, les dentelles, etc., enfin, les points de vue romantiques et décorés de notre conti-nent R. Mais en portant son choix sur les mers loin-taines, en se faisant en quelque sorte le compagnon des voyageurs les plus audacieux, le paisible impri-meur de Mâcon a pensé aussi au côtés éducatif de son entreprise. En 1804, on lit encore Émile. Savourez-en l’esprit dans ce couplet : ‘11111111″ »—’11111111111111r. LES SAUVAGES DU PACIFIQUE, D’APRÈS CHARVET. — MORT DU CAPITAINE COOK. DÉCOR EN GRISAILLE. — ATELIER DUFOUR, A MACON, 1806. (COLLECTION DU BARON EUGÈNE ISSAVERDERS). Nous avons pensé qu’on nous saurait gré (l’avoir rassemblé (1) Le lé mesurait 20 pouces (st centimètres). d’une manière commode et apparente, cette multit