L’OEUVRE D’UN FRESQUISTE D’AUJOURD’HUI RENÉ PIOT p(11 ‘R avoir remis en honneur dans un Salon d’avant-arde le procédé antique de la fresque, mainte-nant si méconnu, M. René Piot a vu son nom devenir cher aux artistes et aux amateurs. C’est justice. • Alors que tant de talents se satisfont d’improvisations d’un sentiment délicat certes, mais peu profond, il a, lui, patiemment architecturé un ensemble. Et si grande parut sa signification, qu’un éloignement de dix années n’a pu faire oublier la Chambre Itinéraire du Salon d’Automne de 1908. M. René Piot compte, d’ailleurs, parmi les physio-nomies curieuses de l’époque. Sa volonté est novatrice, mais ses idées s’allient à une érudition certaine. S’il a un sentiment très haut de la mission de l’artiste, il admet que les manifestations en soient diversifiées. Peintre, il a donc abordé tous les sujets, exprimé toutes les lumières, étendant ses recherches à la maquette théâtrale aussi bien qu’à la décoration intérieure, fixe ou mobile. S’il était sollicité d’historier une enseigne, nul doute qu’il ne s’y prétât. Mais ce sont les grandes surfaces murales qui l’attirent. Il les voudrait couvrir de fresques. Souhaitons pour l’honneur de l’art français que l’occasion lui en soit souvent donnée. REQUIESCANTI La formation de M. René Piot est intéressante. Durant les années d’études, il a frappé à trois portes. Deux, au moins, étaient de bonnes adresses. Si, faute d’informa-tion, il débuta par l’Académie Jullian, ce fut, toutefois, du temps que Vuillard, Maurice Denis, Bonnard, Roussel et quelques autres y constituaient un groupe réfractaire auquel il s’agrégea un instant : la durée de son séjour. Car il eut la bonne fortune de rencontrer Jean-Pierre Andrieu, l’élève et le collaborateur de Delacroix, dont les conversations autant que les conseils eurent sur lui une influence heureuse. Et puis, n’est-ce pas de cette rencontre qu’est née la publication du Journal de Dela-croix, annoté par Paul Flat avec la collaboration de ce jeune René Piot dont la mémoire était toute remplie des commentaires verbaux d’Andrieu? Mais, revenons au peintre. Alors que chez Jullian on ne s’entretenait que de Salons et de médailles, chez Andrieu la conversation s’appuyait d’exemples fournis par les peintures des bibliothèques du Sénat, de la Chambre des Députés et de cette chapelle des SS. Anges, à Saint-Sulpice, remplie du génie de Delacroix; alors que chez Jullian, le professorat consistait en petites recettes pour arriver tôt, les propos d’Andrieu po FIND ART DOC