248 LA RENAIS SANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE •`1•Kninr illfputr mem-1’111111 ic le Itcmattella IIIItI III !doit pl ‘ SAINT ÉTIENNE DISCUTE AVEC LES DOCTEURS. ie Panneau. de l’Artois, tout semble indiquer — et, d’ailleurs, l’ac-cord sur ce point paraît établi — que l’on se trouve en présence d’une oeuvre due à des artisans flamands dont la réputation était grande à cette époque. Mais dans quelle ville des Flandres leur fabrication eut-elle lieu ? A Arras, comme l’indique le catalogue du Musée-de Cluny, publié par M. du Sommerard ? Nous ne le pensons pas. Qu’on se rappelle les troubles qui désolèrent l’Artois dans la seconde moitié du xve siècle, la prise de la ville d’Arras en 1477 (peu d’années avant la mise probable sur métier des tapisseries de saint Étienne), l’exode de ses habitants, la décadence de son industrie, on admettra facilement l’impossibilité qu’une oeuvre d’une fabrica-tion aussi minutieuse ayant exigé plusieurs années de travail, ait pu sortir d’ateliers désorganisés comme l’étaient ceux de la capitale de l’Artois. Beaucoup plus admissible nous semble l’hypothèse émise par M. Guiffrey, dans son histoire sur la tapisserie, qui attribue la tenture de saint Étienne à des « tapissiers arrageois », qui, chassés de leur ville, vinrent en France chercher fortune. Le matériel d’un tapissier n’était pas bien important à cette époque : un métier rudimentaire, aisément dé-montable, un stock de laine fort restreint — vingt à vingt-cinq nuances suffisaient, en effet, à ces artisans pour exécuter les plus beaux travaux, — quelques menus accessoires et c’était tout. Le déplacement et l’installation d’un atelier étaient donc chose facile et il semble évident que ces tapissiers g errants » parcou-rurent nos contrées, recherchant la clientèle des grands seigneurs possesseurs de beaux châteaux et aussi celle SAINT ÉTIENNE ACCUSÉ DE BLASPHÈME PAR DE FAUX TÉMOINS. cucHt CATALA. de certains prélats désireux d’offrir à leur église une tapisserie à sujets religieux. Ainsi s’expliquerait la provenance de nombreuses tapisseries des xve et xvre siècles que l’on rencontre encore dans les châteaux, dans les églises de nos pro-vinces et que l’on dénomme, faute d’en connaître le lieu d’origine, g tapisseries flamandes ». La plupart de ces oeuvres doivent, assurément, provenir, comme la ten-ture de saint Étienne, de ces ateliers ambulants et éphé-mères qui naissaient pour l’exécution d’un travail déter-miné, disparaissant dès l’achèvement de ce travail, pour, ensuite, renaître dans une autre ville. Nous pourrions dresser toute une liste de g tapisseries flamandes » sorties de ces ateliers ambulants. Nous nous contenterons de citer seulement, en raison de la curieuse comparaison que l’on peut faire avec celles du Musée de Cluny, les tapisseries dites de « saint Gervais et saint Protais » offertes en 15o0, à la cathédrale du Mans, par le chanoine Martin Guérande. Leur analogie est frappante : même aspect général, même coloris. L’attitude des personnages, leurs vête-ments, leur physionomie offrent une similitude surpre-nante. L’on retrouve, dans l’une comme dans l’autre. la même division par scènes avec, au bas, des inscrip-tions en caractères gothiques absolument identiques. Si, pour nous, il ne fait pas de doute que les modèles de ces deux tentures soient du même artiste, nous sommes aussi tentés de croire, par le rapprochement des- dates, que la tenture de g saint Étienne s comme- celle de e saint Gervais et saint Protais » furent tissées par les mêmes .mains. En effet, la première fut terminée vers 1500. il est donc fort possible que les ouvriers d’ FIND ART, DOC