LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE FLEURS. — DESSIN. (MUSÉE HISTORIQUE DES TISSUS). son; il y en a, Chez M. G. de Magneval, à Lyon, dont François Gui-guet se dé-lecte. Berjon avait ce savoir —le meilleur —des artistes qui n’aban-donnent leur labeur que pour observer autour d’eux et scrutent si bien tout ce qui leur sem-ble utilisable que, même lorsque leurs doigts ne tiennent plus rien, ils dessinent encore. Gestes, mouvements distinctifs, signes curieux, dégra-dations de teintes, illusions de perspectives, tout ce qui dévoile une individualité, tout ce qui fournit un thème plastique, s’inscrivent dans leur rétine. Tout leur apparaît sous des aspects de motifs, tout leur sert. Une attitude surprise dans son imprévu leur indique aussitôt le trait corroborant, décisif; et, quand l’air d’un visage les frappe, ils voient déjà comment le recréer. Jouissant d’une bonne vision de peintre, Berjon affec-tionnait les tons propres, francs, rayonnant de tout leur éclat sous un favorable éclai-rage. Le désir d’arriver à la lumière, il l’eût assurément, plusieurs de ses peintures en témoignent ; par mal-heur, les recherches à ce sujet ne passionnaient guère son époque, il ne pouvait aller plus loin qu’il ne l’a fait. La valeur des tons, il en avait l’intuition, ce qui n’était pas commun autour de lui ; on en découvre des indices même dans ceux de ses tableaux qui ont souf-fert, jadis, de la chaleur solaire dans le corridor où ils semblaient relé-gués en camp de représailles. L’ac-tion du temps n’en a pas détruit les accords. Un artiste aussi équilibré devait forcément posséder le sens de l’ar-rangement. Ses motifs sont le plus souvent bien coor-donnés sans que leur naturel y perde. On y cheiChe-rait, en vain, quel-que combi-naison dé-co ra t ive, mais, par contre, on n’y ren-contre pas de disso-nance, pas de hiatus fâcheux. Rarement il a sacrifié à l’effet, comme dans Fruits et fleurs dans une corbeille d’osier (Musée de Lyon). Tout en lui l’entraînait aux présentations simples, et parfois, il en a réalisé de délectables, tels les Fruits dans une coupe d’albâtre et les Fleurs dans un vase (Musée de Lyon). Comme tous les grands artistes, il est supérieur dans ses dessins. Sans subterfuges, sans hyperboles, il a su dire beaucoup dans un langage toujours clair et sin-gulièrement expressif en sa docte concision. Quelques linéaments lui suffisaient pour faire comprendre les reliefs et il savait jouer, en peintre, du noir, du blanc et des rouges rehauts. Il savait énormément, et parce qu’il avait été formé par dès pro-fesseurs consciencieux et parce qu’il 245 FLEURS SUR (bulsfiE FOND DE CRÈME. LYON). PIVOINES. — DESSIN. (MUSRE DE LYON). était perspicace autant que labo-rieux autodidacte. Les arcanes de son art ne l’entravaient jamais. Il sentait trop intensément pour n’avoir pas le culte de la nature et rien ne pouvait affaiblir sa dévotion pour la réalité, que, sans conteste, il a ma-nifestée sous mille aspects dans toute sa saveur. Ses principes essentiels se résumeraient très bién en cet axiome : en tout la vérité. Il y fut constam-ment fidèle, car il avait une haute idée de ses devoirs d’artiste et, Lyonnais de vieille souche, il était opiniâtre à l’excès. De là de nobles scrupules qui l’empêchaient de se contenter en plein succès et l’inci-taient, sans trêve, à poursuivre la 4 FIND ART DOC